Histoires vraies
Un piano mythique (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n Le piano mystique fut la fierté du prince Umberto. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, on le retrouve chez un éleveur de volaille l’utilisant comme couveuse…
Et ce n’est pas fini : après l’expérience de la couveuse, un boucher tente d’en faire une glacière… Mais c’est un nouvel échec, et le piano est jeté à la rue. C’est à ce moment-là que Carmi le retrouve, mais, hélas, son vieux copain en a trop subi. Tout l’intérieur a été arraché. Il ne reste que la caisse et le clavier. Il abandonne l’idée d’en faire quoi que ce soit…
Quelque temps plus tard, un plâtrier pénètre dans la boutique de Carmi l’accordeur et lui dit : «J’ai récupéré une vieille carcasse de piano, recouverte de plâtre et vidée de tout. Voulez-vous me le remettre en état ?» Décidément, on n’échappe pas à son destin !
Carmi se met à l’œuvre, avec joie. Joie d’autant plus grande que son client lui a versé des arrhes pour ce travail.
Quelques jours plus tard, le plâtrier revient voir Carmi et lui dit :
«J’ai changé d’avis. Laissez tomber le boulot… et rendez-moi mes arrhes.» Horreur totale !
Comme on le pense, Carmi ne veut absolument pas restituer l’argent. La discussion devient plus animée et, fou de colère, le plâtrier donne un grand coup de poing sur le piano. Sous le choc, le plâtre se fend et les deux hommes voient apparaître le visage mutin d’un angelot en bois sculpté. Carmi est alors saisi d’une intuition :
«Et si c’était la ‘’harpe de David’’ ?»
Carmi rend alors l’argent et garde le piano, qu’il se met à décaper. Il essaie la benzine, l’alcool, le vinaigre, le jus de citron. En fin de compte, il vient à bout de ce travail après avoir utilisé 120 litres d’acétone. Le résultat en vaut-il la peine ?
Apparemment, oui. Sur le devant de l’instrument on voit une frise en bas-relief qui représente un cortège de cupidons ivres portant une reine, également «pompette».
Carmi a alors la chance de retrouver une photo ancienne de la «harpe de David». C’est bien son piano.
Carmi travaille à restaurer la caisse en bois de cyprès. Puis il met trois ans pour restaurer tout le système. En 1953, Carmi part aux Etats-Unis avec son piano remis à neuf. Cet instrument servira alors au virtuose Charles Rosen pour enregistrer un disque de sonates de Scarlatti et de Mozart. Les critiques admettent que pour sa sonorité ce piano mérite son surnom de «harpe de David». Depuis, on est sans nouvelles de cet instrument merveilleux. Peut-être fonctionne-t-il encore quelque part ?
D’après Pierre Bellemare
14 juillet 2009
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