Stress, angoisse, anxiété, dépression…
Les Algériens face au «mal caché»
Par : Ahmed Haniche
Constat n En dépit de l’absence de chiffres sur la proportion des troubles psychiques dans notre société, les spécialistes estiment que la situation actuelle est alarmante. Les signes ne manquent pas.
Il est aujourd’hui facile de constater, dans les cafés, les places publiques, les moyens de transports,etc., que certaines expressions ont accaparé une grande partie des discussions entre les gens, tous âges et sexes confondus. «Rani kareh (j’en ai marre), Makan wallou f’lebled hadhi (il n’y a rien dans ce pays)…, des réponses «inopinées» à la question ordinaire : «Comment vas-tu ?». En réalité, ces petites phrases sont révélatrices d’un malaise profond qui secoue nos concitoyens qui sont tout le temps stressés, angoissés ou tout simplement perturbés. Ce mal interne se répercute également sur le comportement des individus dans la société. On constate que des scènes de violences (bagarres, insultes, échanges de vulgarités…) sont déclenchées par de simples désaccords ou malentendus. L’Algérien d’aujourd’hui ne rate, donc, aucune occasion pour se débarrasser, un tant soit peu, d’une charge de «détresse interne». La décennie de l’insécurité et de violence, la crise socio-économique, l’absence d’horizons nouveaux pour notamment les jeunes générations et d’autres facteurs ont conduit à cette situation de «déséquilibre psychologique», selon Nourredine Khaled, vice-président de la Société algérienne de recherche en psychologie (Sarp). Combien de personnes sont tristes, désorientées, troublées dans notre société ? Même si aucune recherche exhaustive n’a été réalisée dans ce sens, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme, estimant que la proportion des troubles psychologiques est très importante et pourrait avoir des conséquences fâcheuses dans les années à venir. Une personne qui souffre de ce «mal caché» peut nuire à son entourage, ce qui rend sa prise en charge au moment opportun plus qu’indispensable si on veut éviter des conséquences fâcheuses. Le mal peut se produire dans la famille, entre voisins et dans les lieux publics. L’explication est toute simple, estiment les psychologues ; ces personnes sont incapables de se retenir lorsqu’elles se trouvent confrontées à des situations compliquées et agissent «brusquement et inconsciemment». Un père de famille instable psychologiquement ne peut faire preuve de patience vis-à-vis de sa femme et de ses enfants.
Ce mal «caché» peut conduire même au divorce, si les autres membres de la famille ne tentent pas de calmer ou plutôt de comprendre la personne «malade». Dans les lieux publics, une simple discussion peut tourner à une bagarre et on le constate quasi quotidiennement dans nos villes. «La prise en charge des personnes qui présentent des déséquilibres psychiques doit se faire au bon moment. Il ne faut surtout pas mésestimer ces troubles car c’est toute la société qui en subit les conséquences», avertit notre interlocuteur.
A.H.
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11 juillet 2009
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