Histoires vraies
Trésor mortel (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Après avoir déterré le précieux butin, Ivan ne pensait pas que c’était, là, le début de tous ses malheurs.
Le chanoine donne volontiers son avis, qui est une surprise pour tout le monde :
«C’est sensationnel. Vous venez de mettre au jour un trésor d’argenterie romaine de toute beauté et d’une grande rareté !
— Mais… la croix gammée ?
— La croix gammée est un symbole qui vient de l’Inde, et qui date de la plus haute Antiquité. Rien d’étonnant à ce que l’on découvre ce symbole gravé sur de l’argenterie romaine.
— C’est bon pour nous, à votre avis ?
— Excellent : en tant qu’«inventeurs» de ce trésor, vous avez droit à la moitié de sa valeur marchande. Pas de doute, vous avez décroché le gros lot.»
Ivan Apostolink est tout heureux de savoir qu’il va toucher le pactole… dans quelques mois, le temps de mettre la vaisselle en vente. Pour lui, pauvre immigré d’origine yougoslave, cette découverte va changer sa vie… Mais Apostolink se dit :
«Si les Romains ont enfoui leur vaisselle d’argent dans ce champ, il doit y avoir quelques autres objets du même acabit tout autour.»
Alors il décide de retourner sur le champ de la découverte, et de sonder tout autour de la cache au trésor… Il est armé de sa «poêle à frire»
«اa y est, ça réagit ! Encore une masse métallique !» C’est sûr, il a dû repérer un second coffre romain. Vite, faut creuser sans perdre de temps. Sortir ce qu’il y a là, sans doute à plus d’un mètre de profondeur. Apostolink, tout excité, creuse à la pioche. Erreur fatale : la seconde masse métallique n’a rien de romain. C’est un dépôt de mines de la Seconde Guerre mondiale. L’homme ne se voit pas mourir : l’explosion le tue net.
Après sa mort, le trésor de vaisselle romaine est exposé au musée Jacquemart-André et attire la foule des amateurs. Puis, le tout est mis en vente à l’hôtel Drouot, sous le marteau de Me Maurice Rheims. Les plats et coupes, en dehors du décor à la croix gammée, sont délicatement ornés de frises d’oiseaux et de dauphins. Un plat représente des scènes de chasse. On y voit aussi Léda et son cygne. Nous sommes en 1958 et la vente rapporte l’équivalent de 700 000 nouveaux francs. C’est l’Etat qui, faisant valoir son droit de préemption, se porte acquéreur de ce trésor. Et ce sont la veuve d’Ivan et ses enfants qui recevront à sa place la part de l’inventeur…
Mais, au fond, Apostolink n’avait pas mal jugé la situation. Les fouilles qui sont, par la suite, entreprises par des spécialistes prudents autour de la cache de la vaisselle, permettent de découvrir les restes d’une construction romaine de grande dimension… Mais on n’y a pas, jusqu’à aujourd’hui, trouvé d’autre dépôt de vaisselle. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas…
D’après Pierre Bellemare
11 juillet 2009
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