Histoires vraies
Tableau maudit (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n
Indemnisé pour la disparition de son tableau par le défunt commissaire-priseur, l’ex-propriétaire, par miracle, le retrouve et le récupère…
Et c’est ce qui est fait. Le client reprend le tableau et le rapporte chez lui. Les années passent, et il meurt à son tour. La succession est ouverte. On fait l’inventaire. La fille du défunt, quand on arrive au Paysage corse, dit : «Vendez ce tableau, je ne l’ai jamais aimé !»
Mais le jour de l’exposition, le paysage n’est pas présenté. Puis, le jour de la vente, le tableau brille par son absence… Le commissaire-priseur lance tout son personnel à sa recherche : en vain. On ne le trouve ni à l’étude, ni à la remise, ni au magasin, ni aux entrepôts.
A nouveau, on fait appel au président de la Chambre (ce n’est plus le même). Et une fois encore, le commissaire-priseur (nouveau lui aussi), doit rembourser le prix de l’œuvre à la cliente. Les années passent…
Cette dame a maintenant un certain âge. Un jour, elle va dîner chez son fils, marié et père de famille. Et là, surprise : dans le salon, sur un chevalet, elle découvre le Paysage corse, qui trône sous un bel éclairage !
«Mais d’où vient ce tableau ? Notre tableau !»
Le fils explique :
«Bah, l’autre jour, je passais à Drouot. Il y avait là une vente de divers objets trouvés ; quand j’ai vu ce tableau, il m’a plu et je l’ai acheté pour une bouchée de pain.
— C’est miraculeux !»
Mais il se fait tard, la dame doit regagner son propre domicile. Le temps est maussade. Elle glisse son parapluie sous son bras, se penche pour embrasser ses petits-enfants, et… transperce le Paysage corse du bout pointu de son «riflard».
Tout le monde est désolé.
«Ce n’est rien, maman, nous allons le faire restaurer. C’est trop bête !»
Quand le tableau revient de chez le restaurateur, le fils de la vieille dame trouve qu’il a payé fort cher. Du coup, le tableau ne lui plaît plus autant : «Vendons-le. Histoire de récupérer, si l’on peut, le prix de l’achat et de la restauration !»
On se met en rapport avec un commissaire-priseur. On fixe un jour pour la vente, et un commissionnaire se rend chez le vendeur, dans un appartement en étage.
Hélas ! La série noire continue : en descendant l’escalier étroit, le commissionnaire accroche son talon au tapis de l’escalier, le voilà qui tombe le nez en avant et s’écroule dans le tableau, avant de descendre quelques marches en sa compagnie ! Au bout du compte, le Paysage corse de 1840 était dans un si triste état que, malgré toutes ses merveilleuses aventures, on la flanqué à la poubelle !
D’après Pierre Bellemare
11 juillet 2009
Non classé