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7.La chasse aux sorcières (7e partie)

10 juillet 2009

Non classé

La chasse aux sorcières (7e partie)
Par K. Noubi

Résumé de la 6e partie n Au premier procès des sorcières de Salem, l’esclave haïtienne, Tituba, reconnaît en être une et avoir charmé la fille du pasteur Parris.

Le gouverneur Phips étant parti faire la guerre, ce sont ses subalternes qui assurent l’intérim. On interroge ensuite les prétendues complices de Tituba, Sarah Good et Sarah Osborne. On commence par interroger la première. Le juge la bouscule.
— Nommez-vous !
— Je m’appelle Sarah Good…
— Dites-nous ce que vous faites, où vous habitez…
— Je n’ai pas de logement fixe !
— Vous êtes une vagabonde ! Dites-nous comment vous êtes arrivée à la sorcellerie ?
— Je suis vagabonde comme vous dites, mais je ne suis pas sorcière !
— Ces jeunes filles vous accusent !
— Elles racontent n’importe quoi !
— Tituba vous considère comme sa complice !
— Cette négresse raconte n’importe quoi !
— Et pourtant, c’est vous qui apparaissez dans les cauchemars de ces jeunes personnes innocentes !
— Ce n’est pas ma faute si ces filles me voient dans leurs rêves !
Vous persistez à nier vous être adonnée à la sorcellerie ?
— Oui, je le nie !
C’est ensuite au tour d’Osborne.
— Moi, non plus, je ne suis pas une sorcière !
— Vous aussi, vous avez été accusée !
— Je ne crois pas aux sorcières !
— Vous en êtes pourtant une. Parlez-nous un peu de votre vie privée…
— Tout le monde sait ce que je fais, je ne cache rien !
— Tout le monde sait que vous vivez dans le péché !
— Ce sont des fausses accusations !
— vous n’allez pas à l’église !
— Cela ne m’empêche pas d’être une bonne chrétienne !
— Dites plutôt que vous avez vendu votre âme au démon et que vous obéissez à ses injonctions !
— C’est faux ! c’est faux !
— Avouez que vous avez importuné ces jeunes filles !
— Je n’ai jamais fait de mal à personne. Tituba m’invitait à prendre un verre au presbytère, je les voyais et les amusais avec mes histoires… C’est tout !
— Des histoires obscènes ?
— Des histoires que j’inventais !
Le 7 mars 1692, le verdict est rendu : les trois femmes sont condamnées à mourir. On les envoie aussitôt à la prison de Boston, pour être de nouveau interrogées.
A Salem, malgré le départ des sorcières, on continue à se plaindre de maléfices. C’est que, Tituba et ses deux complices, ne sont pas les seules sorcières ! (à suivre…)

K. N.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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Une réponse à “7.La chasse aux sorcières (7e partie)”

  1. Belfedhal tahar Dit :

    LA SIGNIFICATION DES VACANCES SCOLAIRES
    Il n’est pas question ici d’apporter une contribution
    aux nombreuses études qui recherchent la meilleure utilisation
    possible du temps libre des enfants, des adolescents
    ou des adultes. Cette question des loisirs est
    abondamment traitée car on se préoccupe non seulement
    de la situation actuelle, mais surtout de l’avenir qui doit
    voir s’accentuer le déséquilibre entre le temps consacré
    au travail et le temps libre. Ainsi posé le problème
    apparaît beaucoup trop lié à la conjoncture actuelle ou
    à une visée prospective : dans les deux cas on allègue
    l’urgence du problème pour proposer des solutions pratiques.
    Il faut procéder de manière inverse.
    Une étude en profondeur impose de se situer sur
    un plan purement théorique. Le phénomène « vacances »
    doit être étudié sous ses différents aspects, selon ses
    différentes manifestations. Lorsqu’on répond par une
    étude des loisirs à la question des vacances, on lie
    deux concepts qui ne le sont pas naturellement. Les
    vacances constituent un arrêt de l’activité laborieuse; en
    elles-mêmes, elles n’impliquent pas un souci des activités
    destinées à les meubler. C’est ce que traduit bien le sens
    primitif du terme vacance. C’est « l’état d’une chose qui
    n’est point remplie ou occupée », dit l’Encyclopédie
    (p. 499, édition de 1778). Dans le même article une phrase
    illustre l’emploi de deux termes voisins qu’il ne faut pas
    confondre : « Les avocats vont à la campagne pendant
    les vacations; les écoliers perdent leur temps pendant
    les vacances. »
    L•..
    Notons en passant que cet exemple nous révèle un
    aspect quelque peu négligé par la conception actuelle
    des vacances : l’acceptation du temps perdu. Car un
    temps bien rempli n’est pas toujours gagné : l’inverse est
    quelquefois plus vrai’ Mais si les vacances apparaissent
    comme un temps vide, à quelles nécessités peuvent-elles
    bien correspondre.
    Pour certains le caractère inéluctable de l’avènement
    d’une civilisation des loisirs impose une reconsidération
    des rythmes de travail. Mais si cela peut être vrai pour
    l’adulte, est-il légitime d’agir sur les vacances scolaires
    en vertu du même principe? L’interVention de considérations
    économiques et sociales dans la fixation des
    périodes de vacances se fait plus pressante et plus avouée
    de nos jours. Cela implique ou une assimilation ou une
    subordination de l’activité scolaire à l’activité économique,
    ce qui peut être critiqué. Ce qui frappe dans les ouvrages
    actuels ou les discussions qui ont trait aux vacances,
    c’est que les considérations de pédagogie et psychologie
    de l’enfant n’interviennent pas. Le manque d’études précises
    sur ce sujet n’est qu’en partie responsable de cet
    oubli qui, selon la thèse freudienne, est très révélateur.
    Une réaction contre ce courant technocratique s’impose :
    il faut entreprendre des recherches psychologiques et
    pédagogiques sur la nature de la formation scolaire et
    sur l’influence des vacances, afin de combler une lacune.
    Les distinctions établies par Alain entre le travail, l’école,
    le jeu doivent nous guider dans cette contestation du
    rôle exclusif accordé aux aspects sociaux du loisir. La
    réflexion du pédagogue doit se prolonger par la recherche
    expérimentale du psychologue.
    Mais un autre type de recherche peut nous apporter
    des éléments de base pour une étude des vacances. Il
    s’agit de la recherche historique. D’une part le recensement
    des textes administratifs sur ce sujet révèle une
    augmentation de leur fréquence. Il est intéressant d’en
    chercher l’explication : institutionnalisation, actualité du
    problème liée aux transformations sociales. L’augmentation
    parallèle de la durée des congés ne doit pas seulement
    être admise comme un fait brut, impressionnant. Son 1
    interprétation peut nous fournir certaines justifications des ~
    vacances autres que celles qui sont mises en avant
    actuellement et nous permettre ainsi d’élargir notre
    horizon. D’autre part l’étude historique des origines et
    de l’évolution des vacances nous fournit les raisons avancées
    par ceux qui les accordaient. Ces raisons ont varié
    selon les époques et les conceptions de l’éducation. Par
    le biais de ces interruptions de la formation scolaire c’est
    la nature même de cette influence qui nous est révélée
    comme par un négatif. Ainsi la durée réduite des vacances
    dans les collèges des Jésuites met en évidence, tout
    autant que leurs méthodes pédagogiques, leur souci d’une
    formation en profondeur. Si la pratique des vacances est
    aussi vieille que ceIfe de l’école, une étude historique doit
    45
    ,
    ,
    nous livrer ses motifs profonds quelque peu négligés
    aujourd’hui. De plus apparaissent les traditions qui pèsent
    sur le système actuel et rendent difficile, sinon dangereux,
    le bouleversement des rythmes scolaires. Ces traditions
    sont loin d’être arbitraires, elles révèlent souvent une
    profonde connaissance de l’élève et de l’école que l’on
    a tendance à dédaigner de nos jours.
    Sur quels documents peut s’appuyer une telle
    recherche?
    D’abord sur les textes réglementaires depuis ceux
    des réformateurs pontificaux de l’Université de Paris jusqu’aux
    arrêtés que nous connaissons actuellement. Mais
    si ces textes sont précis en ce qui concerne les dates,
    ils ne font guère état des raisons qui les motivent. Ensuite
    sur les ouvrages de caractère historique consacrés à
    l’enfance, à la vie familiale ou à la vie scolaire. Dans ce
    cas le chapitre consacré aux vacances est extrêmement
    réduit comme si cet aspect négatif de la scolarisation ne
    valait pas la peine qu’on s’y arrête. La correspondance
    de tout genre due à des parents, des enseignants, des
    administrateurs, et rencontrée dans les archives publiques
    ou privées, nous a apporté des témoignages à la fois
    plus vivants et plus détaillés. Toutes ces sources nous
    ont permis de reconsidérer les termes de ce qu’on peut
    véritablement appeler le problème des vacances scolaires.
    Elles nous montrent combien est restreinte la justification
    actuelle d’une promotion des loisirs. Elles suggèrent la
    question fondamentale : à quelles nécessités répondent
    ces vacances? Et les éléments de réponse qu’elles
    apportent laissent apparaître une intrication des motifs
    qui permet d’écarter toute argumentation sommaire. En
    tout cas on y trouve confirmation du fait qu’il ne s’agit
    pas d’un aspect mineur de la philosophie de l’éducation.
    Ce temps libre dont on affecte de ne pas parler, que l’on
    ne fait connaître que par ses dates, n’est jamais un temps
    vide. Il révèle ses contenus sur d’autres plans, ceux de
    la correspondance, du roman ou du journal intime. Il a
    toujours une influence sur laquelle on a peu d’informations
    et qui appelle une étude expérimentale, aboutissement
    logique des recherches théoriques.
    Comment exposer les raisons données aux différentes
    époques de l’histoire de l’enseignement pour
    accorder des vacances, en augmenter ou en diminuer la
    durée? L’ordre chronologique est à écarter car certains
    motifs qui passent au second plan ne disparaissent pas
    pour autant. Si le phénomène des vacances subsiste
    c’est qu’il répond à des nécessités profondes qui restent
    toujours valables. Ce sont elles qui permettent un classement
    des informations recueillies aux sources historiques.
    Pour en opérer la synthèse il faut circonscrire les conditions
    du phénomène. Il y a d’abord les protagonistes de
    cette « activité » : écoliers, maîtres, parents. Leur rôle
    respectif se définit par la reconnaissance d’une distinction
    entre l’enfant et l’adulte qui accompagne ce que
    46
    1
    Ph. Aries a appelé le sentiment de l’enfance (cf. « L’enfant
    et la vie familiale sous l’ancien régime »). L’idée d’unê
    spécificité de l’enfance sert de base à l’institution pédagogique
    qui se matérialise par des fonctions, des locaux,
    des règlements. Enfin la Cité avec sa vie religieuse,
    politique, sociale et, au-delà, le milieu naturel, servent de
    cadre à cette alternance séculaire d’activité scolaire el
    de vacances. Chacun de ces éléments apparaît au cours
    de l’histoire de l’éducation comme une justification non
    seulement de l’activité scolaire mais encore de son arrêt.
    Cependant la considération toujours absente est celle de
    l’intérêt de l’écolier. Pour cette raison nous l’examinerons
    en dernier lieu bien qu’elle soit primordiale. L’influence
    du milieu naturel est peut-être celle qui joue de la façon
    la plus ancienne et c’est pourquoi nous l’aborderons en
    premier. Le rôle des croyances religieuses est essentiel
    dans la fixation des jours de congé et nous considérerons
    en même temps celui des évènements politiques car ce
    sont deux composantes parallèles de la vie de la cité.
    Ceci nous amènera à étudier le phénomène extrêmement
    intéressant des jours de congé exceptionnels. Nous
    verrons aussi comment les nécessités de l’organisation
    scolaire entrent en jeu. Enfin nous reviendrons sur le
    thème des loisirs dans ses rapports avec la nature et la
    durée des vacances.
    Les vacances semblent à l’origine liées à l’époque
    des vendanges. Dès le XIII » siècle un mois de congé est
    prévu à cet effet même s’il est facultatif. Il faut plus qu’une
    tradition tenace pour expliquer qu’à la fin du XIX· siècle
    le Conseil départemental de la Gironde propose des dates
    de vacances particulières pour la campagne afin de tenir
    compte de ces activités agricoles (1). Les exigences du
    milieu ont été les premières à jouer et de façon continue.
    Cette constatation nous permet de mieux situer l’activité
    scolaire. Celle-ci n’est pas destinée à l’origine aux
    enfants mais à des jeunes gens, voire même des adultes,
    ce qui accuse son caraclère de recherche d’un savoir
    théorique. Mais s’il s’agit là d’une activité typiquement
    humaine, faut-il, pour qu’elle puisse s’exercer pleinement,
    que les problèmes de subsistance aient été dominés. Le
    recul que prend, vis-à-vis des activités nourricières,
    l’homme qui se tourne vers le savoir théorique, ne signifie
    pas abandon mais possibilité de reprise en temps voulu,
    en particulier au moment des récoltes. La durée de cette
    période est sans aucun doute responsable de ce qu’on
    appellera plus tard, mais bien avant que n’intervienne la
    notion de loisir, les « grandes vacances « . Ceci est corroboré
    par le fait que le congé accordé à Noël et à Pâques
    n’est pas étendu mais se réduit aux jours de fête religieuse
    et cela pendant très longtemps.
    Donc dès l’origine de l’institution scolaire au sens
    large, c’est-à-dire permettant l’acquisition d’un savoir à
    (1) Arch. dép., 15 TI, 1892.
    travers une forme particulière d’enseignement, une interruption
    est ménagée pour permettre un retour aux activités
    primaires, premières et fondamentales. Et cela non seulement
    pour recueillir l’apport du travail des « écoliers »,
    mais aussi en vue d’un retour au sein du monde du
    travail. Ceci est surtout vrai lorsque l’enseignement, sous
    sa forme scolaire, est étendu à l’enfance, en raison d’une
    prise de conscience de la particularité de cet état qui
    réclame une protection, une « enceinte » (2). Une telle
    formation nécessite dans un premier temps une coupure
    avec le monde. Il n’est pour s’en convaincre que de
    considérer les revendications du courant dit de « l’Ecole
    Nouvelle ». Ce danger est né dès qu’a été abandonné la
    formation au sein de la famille et du monde qui était liée
    à une non reconnaissance de la spécificité de l’enfance.
    Cette coupure s’aggrave encore avec la révolution industrielle,
    l’ascension de la bourgeoisie, la prolongation des
    études. Aussi la nécessité reconnue d’une interruption des
    études théoriques pour une formation par la « praxis »
    apparaît-elle dans le système adopté par les régimes
    socialistes.
    L’idée d’une formation théorique dans le cadre de
    « l’enceinte » scolaire ne parvient donc pas à réaliser
    une coupure parfaite avec « le monde » tel qu’il va. Les
    nécessités imposées par l’adaptation au milieu ouvrent dès
    l’origine une brèche importante dans le système scolaire.
    Si l’institution pédagogique vise à constituer une enceinte,
    elle est prise par ailleurs dans un autre contexte, celui
    de la cité. Les pratiques religieuses qui en sont un aspect
    fondamental, au moyen âge par exemple, imposent des
    interruptions de l’activité scolaire. Ces pratiques pourraient
    certes s’effectuer à l’intérieur de l’enceinte, ce
    qu’elles font d’ailleurs partiellement, mais là encore
    existe un danger de coupure qui porte en germe des
    bouleversements. La notion d’école comporte peut-être
    l’idée d’une régénération si l’on va au fond des choses,
    mais elle ne peut l’imposer dans les faits sans détruire
    le type de société qui la promeut. Sous l’ancien régime
    les fêtes religieuses réalisent une unité, c’est pourquoi
    elles impliquent une interruption de toutes les activités
    singulières. Cela permet de leur donner un relief particulier
    et une signification élevée : l’interruption des activités
    vitales est à la fois une offrande, une marque de
    confiance, une prière à la divinité. Mais réciproquement
    c’est une manifestation de la puissance de cette divinité
    et de son clergé. Celui-ci déplore – dès le moyen âge que
    la signification religieuse disparaisse et qu’il ne reste
    plus que l’aubaine d’un jour chômé, et pas seulement
    pour les écoliers! Avec l’allongement des vacances les
    jours de congé se concentreront autour de ces fêtes
    religieuses. Là encore il n’est guère tenu compte des
    motifs proprement scolaires; et lorsqu’on voudra le faire,
    (2) J. Chateau. _ La culture générale, p. 60.
    de nos jours, on se heurtera au problème des fêtes mobiles.
    Le contexte politique a une influence assez comparable
    sur l’activité scolaire. Du reste la Révolution française
    voit s’effectuer une substitution des cérémonies
    patriotiques aux fêtes religieuses. Nous recueillons actuellement
    l’héritage des deux systèmes. Les jours de fêtes
    légales se traduisent automatiquement par un congé.
    Même s’il n’en a pas toujours été ainsi, la participation
    des écoles aux cérémonies entraÎnait une perturbation
    des enseignements. On pourrait tout aussi bien fêter certains
    événements non par une cessation mais par une
    orientation particulière des activités scolaires. En fait
    c’est une sorte d’attitude morale relâchée qui prévaut :
    la plus belle manière de fêter un événement consisterait
    à donner licence à chacun de négliger ses « devoirs » 1
    A travers cette coutume apparaît l’essence même de la
    formation scolaire : plus qu’à l’acquisition de connaissances
    elle vise à une contrainte éducative. Un événement
    important est celui qui lève ces contraintes mais inversement
    un moyen de créer des événements Importants nous
    est fourni. C’est ainsi qu’à l’origine ce caractère était
    donné aux fêtes religieuses ou aux cérémonies patriotiques
    mais Il s’estompe avec le temps et la répétition. Le
    jour de congé exceptionnel relève de cette Interprétation
    et fait apparaître clairement la nature du procédé.
    En voici un exemple frappant. Le 20 novembre 1873
    un télégramme du ministère de l’Instruction publique
    avertit les préfets qu’ « à l’occasion du vote de l’Assemblée
    sur la prorogation des pouvoirs du président de la République
    tous les cours vaqueront le lundi 24 novembre
    dans tous les établissements d’enseignement primaire ».
    Le 22 novembre le préfet de la Gironde (3) fait connattre
    cette décision à l’inspecteur d’Académie et avertit les
    maires qu’ « en présence de la solution heureuse que
    l’Assemblée nationale vient de donner à la question de
    la prorogation des pouvoirs de M. le Maréchal Président
    de la République » un jour de congé est accordé aux
    écoliers. Ainsi ce sont uniquement des considérations
    politiques qui imposent une modification du régime d’enseignement
    : les services académiques sont invités seulement
    à assurer l’application de cette mesure. Mais
    cette affaire est extrêmement intéressante car elle a des
    développements ultérieurs. Le 1er décembre la préfecture
    adresse de nombreuses lettres de rappel aux maires
    « qui n’ont pas encore fait connaÎtre les mesures prises»
    « en exécution des instructions données ». Sans doute
    des résistances à de telles mesures existaient-elles car
    des maires ont été inquiétés à cette occasion. Parmi les
    lettres de justification envoyées en réponse on peut en
    relever douze qui indiquent l’absence d’école dans la
    commune, ce qui a pour effet « d’appeler l’attention des
    autorités sur la situation de ces communes au point de
    (3) Arch. dép.
    47
    vue du service scolaire ». De toute évidence cet intérêt
    pour l’école obéit à des motifs uniquement politiques. On
    aura une idée de l’importance accordée à l’enseignement
    si l’on considère qu’un maire a pu répondre par erreur
    qu’il n’y avait pas d’école dans sa commune!
    Ainsi dans l’attribution d’un jour de vacance aucune
    attention n’est accordée aux aspects pédagogiques et
    psychologiques. C’est, nous l’avons vu, un moyen d’attribuer
    de l’importance à un événement. A une époque où
    les techniques d’information n’étaient guère développées
    ce procédé permettait de toucher des millions de personnes
    même dans les campagnes. C’est un instrument
    de propagande. Il n’est pas sûr que cette signification
    cachée des vacances ait cessé d’exister. L’action exercée
    sur l’écolier dans ses activités scolaires, et extra-scolaires
    surtout, est un moyen d’atteindre les parents utilisés
    par les techniciens de la publicité.
    Nous serons amené à nous demander plus loin si la
    liaison établie entre les notions de loisirs et de vacance
    n’est pas influencée de façon occulte par des considérations
    de ce genre.
    Mais avant d’envisager une formulation très actuelle
    de la signification des vacances il nous faut faire une
    place à des facteurs constitutifs et indispensables de
    l’activité scolaire. L’enceinte destinée à instaurer un type
    de formation autre que celui de la famille se matérialise
    d’abord par une école. Les périodes d’essor de la
    scolarisation se traduisent par une consécration de locaux
    à cet usage exclusif ainsi qu’on le voit pour l’enseignement
    secondaire sous l’influence des Jésuites et pour
    l’enseignement primaire sous celle de Jules Ferry. L’absence
    de local crée une vacance qui, dira-t-on, est
    exceptionnelle, mais qu’on rencontre en fait à toutes les
    époques. Les problèmes de construction, de réfection
    sont ceux qui donnent naissance à la correspondance la
    plus abondante et aux dossiers d’archives les plus fournis.
    Les instances politiques évaluent l’effort fait par référence
    à cet aspect et l’on voit alors les services d’enseignement
    agir pour hâter les travaux et rétablir l’activité scolaire.
    la présence de maîtres est non moins indispensable à
    cette activité. Alors que la nécessité de celle-ci est
    reconnue on voit certaines époques et certains lieux
    subir le phénomène de vacance prolongé à l’état endémique.
    Cela a été le cas en France avant la création
    d’un corps de remplaçants, mesure qui dénote une prise
    en considération assez nouvelle de l’intérêt de l’écolier.
    Le problème n’est d’ailleurs pas réglé pour autant : une
    étude expérimentale faite à Bordeaux montre les répercussions
    du changement de maître sur le travail scolaire.
    Ainsi les nécess!tés de l’organisation scolaire (locaux,
    personnel, mutaltons, examens) sont une justification
    profonde des vacances dont on ne saurait faire abstraction
    lorsqu’on tente une formulation plus nouvelle du
    problème en termes de loisir.
    48
    Les « grandes vacances » existaient bien avant que
    l’étude des loisirs soit mise à l’ordre du jour. Un glissement
    discutable s’effectue du travail adulte à l’activité
    scolaire lorsqu’on envisage le problème des vacances
    sous cet angle. Le péril à conjurer serait celui de l’inactivité
    dans une civilisation où le progrès technique réduit
    de façon massive et accélérée le temps de travail. Dans
    un tel contexte il est urgent de prévoir des activités de
    remplacement et d’y former ceux qui en bénéficieront.
    Ce phénomène ne touche en fait que la population
    adulte car rien ne laisse à penser que le progrès technIque
    entraîne une réduction du travail scolaire. Bien que
    le nombre d’années d’études s’accroisse de façon importante
    le surmenage scolaire est constamment dénoncé.
    Le phénomène est donc inverse. Cependant la promotion
    des loisirs a des répercussions sur la scolarisation.
    D’abord parce qu’on refuse d’étendre à la période des
    vacances cette séparation de l’enfant et des parents
    que réalise la scolarité, même dans les cas les plus
    favorables à l’unité familiale. Tendance qui s’accuse pourtant
    avec l’extension des colonies de vacances. Ensuite
    parce que certains phénomènes qui dérivent de la généralisation
    des loisirs à des masses humaines de plus en
    plus considérables doivent être pris en compte lors de la
    fixation des vacances scolaires. Ainsi l’engorgement des
    voies de communication ou des lieux de séjour. Paradoxalement
    ce sont donc des considérations tout à fait
    étrangères à l’éducation qui apparaissent comme prépondérantes
    dans l’établissement des rythmes de cette éducation.
    C’est pourquoi il sera nécessaire de ramener au
    premier plan des impératifs proprement éducatifs après
    une recherche de l’influence des vacances sur les écoliers.
    Si l’accent est mis actuellement sur l’importance des
    loisirs c’est que seul l’aspect positif des vacances est
    envisagé. Les arguments invoqués en faveur d’une promotion
    des loisirs ne sont d’ailleurs pas sans poids. Car
    la civilisation technicienne se traduit par une déshumanisation
    du monde du travail, si elle apporte une amélioration
    des conditions de vie. On assiste à un renversement
    de perspective : les loisirs qui à l’origine étaient
    créés pour meubler le vide des vacances exercent à leur
    tour une influence sur la durée de ces vacances. En
    effet pour être à la fois éducatif et réparateur le loisir
    ne doit pas se restreindre à un moment fugitif d’arrêt du
    travail : il doit consister en une rupture marquée. L’accroissement
    de durée de ces interruptions de l’activité
    commune, dans le domaine scolaire comme dans celui
    du travail, se justifie aussi par un souci démocratique
    d’égalité vis-à-vis du droit au loisir. A l’inverse de ce qui
    se passait à l’origine, les loisirs créent pour ainsi dire
    des vacances. Nous en trouvons un exemple particulièrement
    net dans le domaine des colonies de vacances.
    Elles étaient destinées au début à meubler les vacances
    d’une minorité d’enfants défavorisés. Maintenant la durée
    des vacances d’été doit permettre l’organisation de trois
    séjours en colonies de vacances ainsi que le rappelle
    la motion du bureau national du Syndicat national des
    instituteurs du 6 mars 1963.
    Ceci nous amène à parler de la nature de ces
    loisirs qui constituent actuellement la justification essentielle
    des vacances. Car on ne peut mener une étude
    sur les vacances si l’on fait abstraction de leur contenu.
    D’un point de vue pédagogique une période d’arrêt prolongé
    des activités scolaires ne peut manquer d’avoir
    une influence sur la formation éducative qui est le but
    même de l’école. Cet aspect qui semble capital n’est
    pour ainsi dire presque jamais abordé, aussi ne pouvonsnous
    faire état que de conjectures. On est en droit de
    penser que les activités éducatives, qui sont maintenant
    pratiquées en colonie de vacances, ont une influence
    bénéfique sur le rétablissement du niveau scolaire à la
    rentrée. Mais peut-on affirmer que la promotion des
    loisirs, qui influe sur la durée des vacances, comme nous
    l’avons vu, a toujours des conséquences aussi heureuses?
    Que penser des loisirs à grande dépense d’énergie et de
    matériel dont le choix est influencé par une publicité
    puissamment orchestrée? De nombreux articles de revues
    qui proposent une réorganisation de l’année scolaire
    s’appuient sur une critique hâtive du système antérieur.
    Mais ne prêtent-ils pas le flanc à une semblable critique
    dans la mesure où ils font, avec complaisance, une très
    large place à certains types de loisirs dont la vogue
    actuelle n’est peut-être pas étrangère à de gros intérêts
    financiers (sports d’hiver, tourisme, etc…)?
    Dans notre recherche des motifs allégués pour justifier
    les vacances, nous n’en avons guère trouvé jusquelà
    qui prennent exclusivement en considération l’intérêt
    de celui pour qui est créée l’activité scolaire. La prise
    de conscience de l’aspect négatif des vacances, de la
    perturbation causée par leur prolongement est un premier
    pas dans ce sens. Mais le problème n’est jamais abordé
    directement, en .se demandant quel type de vacances est
    nécessaire à l’écolier ou à l’étudiant. En elles-mêmes les
    Vacances ne sont pas un remède au surmenage, elles
    contribueraient plutôt à le créer. La recherche d’une
    alternance d’activités différentes, destinée à apporter un
    regain d’intérêt, a des bases psychologiques plus solides.
    La liaison originelle de l’école et des vacances traduit
    un rythme fondamental qui oppose un type d’activité et
    sa cessation. Certaines tendances pédagogiques nouvelles
    voudraient nier, dépasser cette opposition. Une interruption
    de l’activité scolaire pourrait être rendue inutile par
    un changement de nature de cette activité. Le loisir
    masquerait le travail comme dans les classes de neige
    par exemple.
    Si la pédagogie de l’intérêt représente un idéal qu’on
    souhaiterait voir se réaliser, on ne doit pas pour autant
    renoncer à l’étude expérimentale de ses applications. Il
    est nécessaire de comparer les résultats obtenus par les
    élèves à toute une série d’épreuves administrées avant
    et après une expérience pédagogique. Ces épreuves ne
    doivent pas seulement être de nature scolaire, de manière
    à apprécier des acquisitions ou des détériorations, mais
    aussi de nature psychologique et s’appliquer aux attitudes
    profondes. Or il n’est pas sOr que l’effacement de cette
    coupure qu’Alain voulait très nette entre le travail et le
    loisir ait une influence bénéfique sur les attitudes d’ordre,
    d’obéissance comme de ma1trise de soi, de concentration,
    qui sont requises par une éducation véritable.
    Si l’étude du passé nous a révélé différentes justifications
    des vacances, parfois assez étrangères à la
    considération de l’intérêt de l’enfant, il n’est pas sOr que
    la manière actuelle d’aborder le problème sous l’angle
    des loisirs ne soit pas justiciable du même type de critique
    historique. Chercher comment meubler d’activités
    éducatives le temps libre et comment le répartir pour
    concilier les exigences supposées de l’enfant et de
    l’adulte est une action qui dépend trop du contexte d’une
    économie, d’une civilisation. Certes il existe alors un
    certain intérêt pour l’enfant, mais seulement dérivé puisqu’on
    vise plutôt l’adulte actuel dont il dépend ou l’adulte
    qu’il deviendra. A parler de réalisations comme les colonies
    de vacances, qui permettent de rendre éducatif un temps
    considéré comme perdu, on remet en cause, non seulement
    des méthodes, mais encore ce qui fait l’essence
    même de la « discipline» scolaire (au sens large). Dans
    une telle situation, sans adopter une attitude conservatrice
    intransigeante, il faut s’astreindre, avant tout bouleversement
    du système antérieur, à une étude de la nature
    de l’activité scolaire, de ses apports espérés et effectifs
    et des influences exercées par ses modulations (arrêts,
    changements de rythme ou de type d’activité).
    Ainsi posé le problème des vacances ne se réduit
    pas à un aspect négatif qu’on n’aborde guère parce qu’il ~,.
    semble évident. Il figure en bonne place dans une étude ..
    en profondeur de l’action éducative. Il traduit des néces- .
    sités profondes dont une attitude réformiste moderne a
    tendance à faire abstraction sans pour autant les faire
    disparaître. Tout système éducatif doit prendre position
    sur cette question des vacances et l’étude de la solution
    adoptée nous conduit à l’essence même du système, que
    cette solution soit l’acceptation, la restriction et l’aménagement
    ou même la négation. A partir de là s’ébauche
    une étude de pédagogie comparée particulièrement riche
    qui consiste à confronter, sur ce point particulier, les
    différents systèmes réalisés selon les lieux et selon les
    époques, et à tenter une explication qui tienne compte
    de ces deux facteurs fondamentaux: l’espace et le temps.
    Henri BOlRAUD,
    assistant à la Faculté des Lettres de Bordeaux.

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