Histoires vraies
Portrait détestable (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Marie et jean fondent un foyer, égayé par une jolie petite fille. Toute la famille se rend à Rome…Très rapidement, Marie divorce et change son train de vie.
C’est à cette époque que le pauvre Ingres rencontre les Sénonnes et qu’il se voit passer commande d’un portrait de la belle Marie. Il la représente dans une robe de couleur pourpre, qui met bien en valeur son teint de lys et ses yeux noirs, ses cheveux sombres comme l’ébène. Son modèle l’inspire, car Marie est belle, d’une beauté qui ne se livre pas au premier regard. Mélancolique et rêveuse, fière et séduisante.
Sans doute Ingres est-il, lui aussi, séduit par son modèle.
Rome, en découvrant le portrait, exprime son admiration.
Soudain, c’est la fin de Napoléon Ier. Les Bourbons reviennent au pouvoir. Louis XVIII fait dire à Alexandre de Sénonnes qu’il doit rentrer à Paris, où de hautes fonctions l’attendent. Marie, la mort dans l’âme, doit quitter Rome dont elle était la reine, pour se retrouver à Paris. Alexandre, Marie et… le portrait rentrent en France.
Marie y devient à nouveau la reine des fêtes légitimistes. Mais en venant à Paris, elle s’est rapprochée de… la famille de Sénonnes qui, mise au courant de cette «mésalliance», ne décolère pas. «Comment cette Marie Marcoz a-t-elle eu l’outrecuidance d’entrer dans notre famille ? Ignore-t-elle qu’elle ne fera jamais partie des La Motte-Baracé de Sénonnes ? Comment Alexandre a-t-il pu être assez dément pour la faire entrer dans une lignée de croisés ? Une famille qui a servi François Ier, Louis XIV, Louis XV… ? ». Ces cris de fureur se répercutent sur les murailles épaisses de leur château de Bretagne, non loin de Châteaubriant. Une noble demeure qui remonte au XVe siècle.
«Comment ose-t-il nous imposer une drapière quand, il y a vingt ans à peine, les têtes de nos parents martyrs roulaient sur l’échafaud ?». En effet le 16 mars 1794, François-Pierre de La Motte-Baracé et son épouse, Suzanne Drouillard de La Marne, dénoncés par un domestique, incarcérés à la Conciergerie, jugés pour «intelligence avec les ennemis extérieurs et intérieurs de la République», ont été condamnés à mort. Ils furent exécutés ensemble le 7 avril suivant… Paix à leurs âmes. Ils laissaient trois orphelins : Pierre, Marie et Alexandre, l’époux de notre Marie.
Ces orphelins furent recueillis par un avocat, mais la petite sœur devait mourir avant d’avoir quinze ans. Pierre, l’aîné, se lança dans la chouannerie, puis, prudent, se consacra à la mise en valeur de ses terres et à la chasse. Alexandre, lui, s’adonna à la peinture. Le défunt François-Pierre avait déjà cette passion qu’on retrouve aussi chez un ancêtre, par ailleurs lieutenant général d’artillerie sous Louis XIV. Pierre prit épouse, et quitta le château familial. Alexandre s’ennuyait et partit pour le soleil de l’Italie : c’est ainsi qu’il a rencontré Marie. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
10 juillet 2009
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