L’astucieuse fille du paysan (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Ayant failli à la promesse faite à son époux, le sultan, sa femme intervient discrètement dans une de ses décisions…
Comment ? protesta le Sultan. Tu oses mentir ? Tu te moques de moi ?
— Pas du tout, ô grand Sultan ! Pourquoi ne pas admettre que tout peut arriver à l’époque où les mules mettent bas. C’est la fin du monde et il n’est pas étonnant que les signes anormaux se multiplient.
Le Sultan n’eut plus qu’à changer son verdict. Il attribua une amende au marchand et rendit l’ânon au paysan. Puis il menaça ce dernier :
— Si tu ne me révèles pas immédiatement où tu as trouvé ce mensonge et ces répliques, je te fais trancher la tête.
L’homme, qui n’avait rien à cacher, expliqua que ces idées venaient d’une brave femme à sa fenêtre dans le palais. Le Sultan furieux alla trouver son épouse et lui annonça :
— Je te répudie ! Tu as rompu le pacte et tu m’as fait revenir sur une décision. Tu m’as ridiculisé auprès d’un paysan. Emporte tout ce que tu veux de ce palais et repars dès demain chez ton père. Va-t-en.
La jeune femme sourit et ne dit mot. Elle fit mine de préparer ses affaires… Au dîner, elle versa dans le repas de son mari une poudre extraite d’une plante soporifique. Après avoir mangé, le Sultan tomba dans un sommeil profond. Elle l’enferma dans un coffre et elle l’emporta avec elle chez son père. Le lendemain, lorsqu’il ouvrit les yeux, il ne reconnut pas les lieux et trouva sa femme allongée près de lui. Il sursauta et cria :
— Où suis-je donc ? Et toi que fais-tu encore à mes côtés ? Ne t’ai-je pas ordonné de t’en aller ? demanda-t-il.
La jeune femme répondit aimablement :
— Monseigneur ! Je n’ai fait que t’obéir. Tu m’as certes demandé de partir mais tu m’as également autorisée à prendre du palais tout ce que je voulais. Et comme tu es la seule chose que je veuille, je t’ai emporté avec moi chez mon père.
Surpris, le Sultan eut un sourire et dit enfin :
— Je dois admettre que tu es vraiment subtile et que tu me dépasses en sagesse. Je te décharge du serment et je te demande à nouveau d’être ma femme pour la vie.
Elle a pris le feu, le feu, j’ai pris la route, la route !
Elle a mangé du Diss, j’ai mangé du Rfiss !
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
7 juillet 2009
Nora Aceval