TOUTE UNE VIE BIEN RATÉE
oui, il y a bien des ressemblances mais la plume de Pierre Autin-Grenier se fait plus marginale et plus originale. On découvre un homme ne sachant trop que dire ni que faire et on pourrait croire qu‘il va nous ennuyer, or ce livre est tout sauf ennuyant. Pierre Autin-Grenier nous prouve l’importance du style en littérature. Lui-même l’avoue: il se sent inutile, il n’a pas grand-chose à dire, il se parle tout seul, il nous donne des nouvelles du temps qu’il fait dans son coin de pays (il habite le Vaucluse), si l’envie lui prend d’écrire un poème, ce sera un poème en prose consacré au cancer des bronches et s’il s’émerveille, c’est à propos des bégonias de sa voisine ou à l’idée de lire tous les romans de Thomas Bernhard en une journée. On devine derrière cette personnalité iconolaste une grande détermination de bien vivre sa vie au quotidien et un profond engagement à assumer son rôle d’écrivain dans un monde qui méprise son travail. Pierre Autin-Grenier s’est donné comme mission de tout noter ce qu’il voit par écrit et il le fait toujours avec un brin de dérision. Son langage est recherché, on y trouve des perles à toutes les pages. Voilà une belle leçon d’écriture. Pierre Autin-Grenier est un authentique écrivain intellectuel et militant comme il ne s’en fait plus. Publié en 1997 Toute une vie bien ratée marque son entrée chez Gallimard et son ouverture sur la scène littéraire outre-frontière.
3 juillet 2009
1.Lu pour vous