Titre : Les échelles du Levant
Auteur : Amin Maalouf
Editeur : Grasset (1996)
Format : Poche 254 pages I
Le narrateur, un immigré libanais en France, rencontre à Paris un étrange compatriote, Ossyane, qui lui confie qu’il a quelques jours plus tard un rendez-vous d’importance capitale. Le narrateur obtient qu’en attendant Ossyane lui raconte sa vie mouvementée. Ossyane est le petit-fils d’Iffett, princesse devenue folle à la suite du suicide de son père, souverain ottoman déchu par une révolution de palais et emprisonné par son propre neveu, et du médecin persan Ketabdar, qu’on avait chargé de soigner sa folie, et qui a obtenu de l’épouser. Ketabdar et Iffett, après leur étrange mariage, s’installent à Adana, ville turque où vit une nombreuse population arménienne. Plus tard, leur fils, bâtard royal, féru de photographie, y a pour ami l’Arménien Noubar, lorsque survient en 1909 le massacre systématique des Arméniens de Cilicie. Noubar convainc son ami d’épouser sa fille Cécile et de s’exiler tous ensemble au Mont- liban, dans les environs de Beyrouth, où naîtra Ossyane. Le jeune Ossyane, à la veille de la seconde guerre mondiale, quitte le Liban pour la France, où il a décidé d’étudier la médecine. Entraîné malgré lui dans le tourbillon de la guerre, il se retrouve, toujours malgré lui, dans un réseau de résistance où il fait la connaissance de Clara, une résistante juive, de qui il tombe amoureux. Rentré au Liban où il est accueilli en héros, Ossyane y est rejoint, quelque temps plus tard, par Clara, qui a le dessein de s’installer en Palestine, où elle veut militer pour une entente fraternelle entre juifs et palestiniens. Le Turc et la Juive se marient, et vivent un temps en partie en Palestine, en partie au Liban, jusqu’à ce qu’éclate, après la création de l’état d’Israël, la première guerre israëlo-arabe, en 1948, à un moment où Clara, enceinte, se trouve à Haïfa alors qu’Ossyane est au Liban au chevet de son père malade. La guerre empêchant toute circulation entre les deux pays, les époux se perdent de vue. Ossyane tombe dans la démence après la mort de son père, et est interné par son voyou de frère dans un asile d’où il ne sortira que vingt ans plus tard, libéré fortuitement par les bombardements de la guerre civile libanaise, ayant perdu quasiment toute trace de Clara, et de leur fille, Nadia, qui a bien tenté un moment d’organiser son évasion puis est partie vivre sa vie aux Amériques. Sitôt libre, Ossyane réussit à gagner Paris avec l’aide de vieux amis français de la Résistance, d’où il envoie à Clara un message désespéré, dans lequel il lui donne rendez-vous quai de l’Horloge. Amin Maalouf raconte dans ces pages la vie d’un faux héros, ballotté par les événements jusqu’à en perdre la raison, animé d’un amour que l’Histoire et la folie des hommes a rendu impossible, que le caractère meurtrier de la revendication identitaire amène à la négation de sa propre identité, lui en qui circulent les sangs turc, persan, arménien et qui a épousé une juive… Le roman est grave, poignant, intime au point que le narrateur voyeur se refusera à connaître le résultat de l’entrevue décisive entre Ossyane et Clara. A lire en urgence. Patryck Froissart, St Benoît, le jeudi 5 avril 2007
3 juillet 2009
1.Lu pour vous