Titre : Léon l’Africain
Auteur : Amin MAALOUF
Editeur : Jean-Claude Lattès, 1986
Moi, Hassan fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-Léon de Médicis, circoncis de la main d’un barbier et baptisé de la main d’un pape, on me nomme aujourd’hui l’Africain, mais d’Afrique ne suis, ni d’Europe, ni d’Arabie. On m’appelle aussi le Grenadin, le Fassi, le Zayyati, mais je ne viens d’aucun pays, d’aucune cité, d’aucune tribu. Je suis fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées.
Ces premières lignes d’un roman d’une rare densité résument à elles seules le personnage qui donne par ailleurs son titre au livre : Léon l’Africain.
La vie d’Hassan-Léon est un livre d’Histoire, jalonné de chutes et de naissances d’empires. Il faut dire qu’en la matière l’époque (fin du XVe et début du XVIe siècles) a été particulièrement riche.
Hassan al Wazzan, Maure de Grenade, vit d’abord le désastre de la Reconquista, la reddition humiliante de Boabdil, puis l’exil au Maghreb, la période trouble des attaques portugaises et castillanes contre sa nouvelle patrie, les guerres intestines auxquelles est mêlé le sultan de Fès… L’énumération des événements historiques auxquels il est mêlé, dont il est parfois partie prenante et souvent victime, serait trop longue, égrenée de Grenade à Rome en passant par Fès, Sijilmassa, Tombouctou, Tefza, Gao, Assouan, Alger, Tunis, Le Caire, Constantinople…
Hassan connaît tour à tour toutes les conditions : bourgeois de Grenade, sujet des derniers rois maures puis d’Isabelle et de Ferdinand, émigré pauvre à Fès, conseiller du sultan Mohamed, riche négociant, poète de cour, ambassadeur, proscrit, banni, esclave, protégé du pape Léon de Médicis…
Hassan aime toutes les femmes, sa demi-sœur Mariam la chrétienne, Hiba, l’esclave qui lui est offerte par le pacha de Ouarzazate, sa cousine Fatima, Nour la Circassienne, Maddalena la Maure convertie…
Hassan est musulman, puis chrétien catholique, combattant contre les Luthériens.
Hassan est l’historien vivant l’Histoire, la subissant et l’écrivant, et, parfois, la faisant.
Hassan est tout à la fois Jehan Froissart, Marco Polo, Machiavel et Ibn Batouta.
Hassan vit en une vie ce que 40 vies ne couvriraient pas.
Le roman est construit de 40 chapitres, représentant chacun une année de la vie du héros, chacun dédié, par son titre, à un événement ou à un personnage marquants.
Œuvre magistrale, Léon l’Africain doit se lire 40 fois.
Magnifique !
Patryck Froissart, le 3 juillet 2006
Léon l’Africain
S'abonner
Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.
3 juillet 2009
1.Lu pour vous