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Littérature féminine

13 juin 2009

Non classé

  • Littérature féminine
    Pesant de poudre

«Chez nous, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre», disait Kateb Yacine. C’était dans la revue El Djazaïria de l’UNFA des années 70 ; une sentence qu’il répétera dans la préface à la Grotte éclatée, roman de Yamina Mechekra. L’histoire de la littérature algérienne, orale et écrite, est pleine de présence féminine même si, quantitativement, le nombre de livres produits par les femmes demeure relativement moins important

que celui produit par leurs confrères masculins. Signe des temps et, en même temps, ironie de l’histoire, c’est une Algérienne, une grande dame qui commençait à devenir méconnue dans son pays d’origine, qui, la première dans le monde musulman et dans le tiers-monde, a pu siéger à l’assemblée des Immortels, l’Académie française. Assia Djebar, par une sensibilité esthétique exceptionnelle, une intégrité intellectuelle à toute épreuve et un travail acharné s’étendant sur un demi-siècle de l’histoire tourmentée du pays, a forcé le destin en symbolisant la femme algérienne insoumise, combative, maternelle et artiste. ہ travers son couronnement, ce sont les hommes et les femmes de toute une génération d’écrivains algériens francophones qui se trouvent revalorisés, réhabilités, même si leurs noms se sont déjà imposés d’une façon définitive dans la mémoire et l’épopée de la culture algérienne qui a complètement intégré ce ‘’butin de guerre’’, la langue française, selon l’expression de Kateb Yacine. Ce sont surtout les femmes écrivains, un instant tombées dans l’anonymat qui étrangle l’activité culturelle dans notre pays, qui retrouvent leur place, leurs voix et leurs voies. Taos Amrouche, Fadhma Ath Mansour, Djamila Debèche, Fadhila M’rabet, Anna Greki, pour l’ancienne génération du milieu du xxe siècle, et Yamina Mechekra, Ahlem Mostghanemi, Zineb Laâwadj, Rabia Djalti, Nina Hayet, Safia Kettou et tant d’autres moins connues parmi celles qui se sont exprimées après l’Indépendance. Même si la critique littéraire distingue rarement l’écriture féminine comme étant une catégorie spécifique à soumettre à l’analyse, dans le cas de l’Algérie, et au vu du climat culturel ambiant au cours des dernières années marqué par la montée des intolérances, il n’est guère inutile de s’arrêter sur l’acte d’écriture venant de la femme. La femme algérienne qui a su participer à toutes les grandes œuvres du pays-depuis la lutte de libération nationale jusqu’à la résistance au terrorisme intégriste en passant par la participation au processus de développement économique du pays- a pu aussi exprimer dans ses écrits les entraves sociales, le retard de l’évolution des mentalités et les camisoles qui retiennent la promotion de la femme.  Dans la littérature masculine déjà, beaucoup d’écrivains algériens ont tenu à évoquer la femme en tant que mère, refuge utérin, objet d’amour, symbole de la patrie et de la liberté. On n’a qu’à s’arrêter sur la vision de Kateb Yacine qui, outre l’image de Nedjma qui le hante en tant que symbole d’un amour impossible et de la patrie fuyante et présente à la fois, fait des retours assez remarqués sur la figure de la Kahina, première reine berbère enregistrée par l’histoire tourmentée de l’Afrique du Nord et résistance à l’invasion des armées arabes.

Dans sa pièce de théâtre intitulée La Guerre de deux mille ans, il fait parler Kahina en ces termes :

«Le seul Dieu que nous connaissons,

on peut le voir et le toucher :

je l’embrasse devant vous

c’est la terre vivante

la terre qui nous fait vivre

la terre libre d’Amazigh !»

 

Amar Naït Messaoud

 

Chanson de Nouara (texte de Ben Mohamed)

 

Vous avez chanté ma beauté

Chanté aussi ma bonne éducation

Nul ne s’est souvenu de mes droits

Et suis considérée comme bétail

Maintenant que s’ouvrent mes yeux

Je demande justice

Je me rappelle à ma naissance

Il n’y avait point de fête pour moi

Et quand je me trouvais en face de vous

Vous détourniez de moi votre regard

J’écoutais quand vous disiez à ma mère

Dieu t’accorde patience ma fille

Quand je commençais à grandir

Je m’aperçus de la différence

Le sol sur lequel j’étais née

Seul les garçons sont recherchés

Un jour on m’épousa

Je me dis ma vie s’adoucira

Je devins comme une étrangère

Et n’eus jamais part à rien

Vous ne pensez à Tassadit

Que quand il s’agit de vous servir

Jusqu’à quand cela durera-t-il ?

Jusqu’à quand justice sera-t-elle bannie ?

Quand viendront les lendemains heureux.

Quand donc parlera la vérité ?

Quand sortirai-je de cette tombe ?

Quand mon soleil se lèvera ?

Traduction : Ali Sayad et Amrane

 

In Présence Femmes’-OPU, mars 1987

 

 

O ma sœur !

(Chanson de Idir)

 

O ma sœur

Je te dirai des mots durs

Nul ne te veut

ہ ta naissance ils ont eu peur de toi

Tu es une bombe

Si tu fautes, ils s’éclaboussent

Qui est de ton côté désespère

Ton droit est effacé

Tes frères te l’ont enlevé

Tu es vendue à bas prix

Le marché est traité par les hommes

L’affaire est close

Tu quittes la maison en deuil

Qui est de ton côté désespère

Le jour de la fête

Comme tu étais longue, ô nuit !

Voilà l’instant,ma sœur

Où tu changes de maison sans t’en apercevoir

Te voilà contrainte

Retiens ta bouche, et que parlent les autres.

Qui est de ton côté désespère

Ô ma sœur

Ton état, je le vois, fait pitié

Aie des enfants

Dans la peine tu les élèveras

Emportée par l’espoir

C’est leur bien que tu souhaites

Voilà que de ton côté nous désespérons !

 

Traduction : A. Sayad

In Présence Femmes-OPU, mars 1987

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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