Stendhal —Un géant méconnu en son temps

• Stendhal
  Un géant méconnu en son temps
  

En avance sur son temps, incompris par son époque, aujourd’hui Stendhal est plus honoré que Balzac et plus prospère que Mérimée un autre de ses amis qui a dit de lui : “Beyle se piquait de libéralisme et était au fond de l’âme un aristocrate achevé.

Jamais auteur n’a été aussi royalement ignoré de son vivant et adulé à titre posthume comme le fut Stendhal. L’infortune qui l’a frappée en son temps, s’est transformée en énorme succès dans notre époque.

Comment ses contemporains n’ont pas pu deviner en lui le génie qu’il était ? Comment, malgré les critiques élogieuses de certains auteurs à succès de l’époque dont Balzac, le public l’a royalement ignoré ? Enigme ! “Je mets un billet à la loterie dont le gros lot se réduit à ceci : être là en 1935” terrible aveu pour un auteur qui se compte parmi les plus grands génies de son temps. Terrible aveu, c’est vrai mais aussi lucidité, car prévoir à ses œuvres un avenir glorieux et prédire d’avoir des lecteurs un siècle après la parution de ces œuvres, et que ces prévisions se réalisent, c’est être lucide et génial à la fois. Mais qu’est-ce qui a provoqué le mépris et parfois la moquerie de ses contemporains face à une œuvre qui est partout louée aujourd’hui ? Serait-ce son style aussi sobre et sec comme le code civil ? “Cet  art qui a des aspects voltairien a contribué sans doute à retarder la gloire de Stendhal” a écrit quelque part un critique littéraire. Avoir la phrase aussi courte que celle de Voltaire, refuser d’employer la période oratoire chère aux romantiques…ne suffit pas à expliquer son insuccès auprès de ses contemporains. D’autres raisons que nous saisissons peut-être aujourd’hui existent pour expliquer un tel phénomène. Car aujourd’hui, Stendhal règne en maître sur la littérature française et pas seulement. Tout le monde voit en lui un écrivain moderne avant l’heure, et toute une génération d’écrivains à l’exemple de Roger Vaillant, Jean Prévost, Jean Giono pour ne citer que ceux-là descendent directement de lui. C’est vrai que même en son temps, comme nous l’écrivions plus haut, certains ont pu déceler son génie et n’ont pas manqué de le faire  remarquer. A la sortie de La Chartreuse de Parme?, Balzac, dans la Revue parisienne écrivait ceci, “M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre…. M. Beyle est un des hommes supérieurs de notre époque : il est difficile d’expliquer comment cet observateur de premier ordre, ce profond diplomate qui, soit par ses écrits, soit par sa parole, a donné tant de preuves de l’élevation de ses idées et de l’étendue de ses connaissances pratique, se trouve seulement consul à Civitavecchia”. Mais n’est pas Balzac qui veut. En avance sur son temps, incompris par son époque, aujourd’hui Stendhal est plus honoré que Balzac et plus prospère que Mérimée un autre de ses amis qui a dit de lui : “Beyle se piquait de libéralisme et était au fond de l’âme un aristocrate achevé.” Henri Beyle, alias Stendhal est né en 1783. A peine âgé de six ans, sa mère meurt et le laisse aux soins de deux personnes : son père, Cherubin Beyle, procureur au parlement de Grenoble, et sa tante Séraphie qui se propose de remplacer sa mère. Il mène une existence insipide, sans plaisir parmi ces deux parents qu’il déteste cordialement. Une autre personne qu’il ne porte pas dans son cœur et qui serai la cause de son hostilité envers l’église et la religion, c’est son percepteur : l’abbé Ruillane. Entouré de personnes qu’il n’aime pas, vivant dans une ville, Grenoble, qu’il trouve morne, il va rapidement développer des réflexes de repli sur soi. Cette vie terne aurait ainsi continué, si un de ses cousins ne lui avait pas obtenu en 1802, un poste de sous-lieutenant. C’est le début d’une vie palpitante pleine de liberté et d’amour. Sa vraie religion n’est-elle pas la recherche du bonheur ? Le voilà libre, foulant le sol italien, rejoignant l’armée de Bonaparte et découvrant l’amour et l’héroïsme. Cette expérience va complètement le transformer au point qu’il la renouvellera en 1814 en vivant sept longues années à Milan. Exit le Stendhal, taciturne, replié sur soi, presque marginal du Paris sous la restauration, Place à un Stendhal épicurien, doté d’une morale aristocratique qui croque la vie à belles dents. En plus des multiples proffessions qu’il a exercées et qui lui ont permis de côtoyer beaucoup de monde, Stendhal s’applique à l’écriture; Ses premiers écrits s’intéressaient à l’Italie Rome, Naples et Florence, à l’amour comme passion et maladie De l’amour 1822, et à la déficience sexuelle masculine Armance 1827. Ces ouvrages n’auront aucun succès et ne trouvèrent qu’une poignée de lecteurs. La première œuvre importante de Stendhal est incontestablement, Le Rouge et le Noir, même si aujourd’hui, on commence à s’ intéressée à Armance. Inspiré de l’affaire Berthet, un fait divers paru dans la Gazette des Tribunaux, Le Rouge et le Noir paru en 1830, est vu dans notre temps comme l’un des plus grands romans du siècle. “Le Rouge et le Noir est l’histoire d’un jeune homme ambitieux qui se sert des femmes pour réussir. Mon Dieu pareille horreur aurait-elle jamais pu même effleurer l’esprit de Chateaubriand !…et qui rachète ses erreurs par son inflexible énergie. Ce que Julien Sorel incarne avant la lettre mais mieux que personne, c’est la lutte des classes. Deux livres auront contribué, très différemment, à glorifier  la  lutte des classes au XIXe siècle, un essai théorique qui préconise la révolution collective et une œuvre d’art romanesque qui met l’accent  sur la révolte de l’individu : Le Capital de Karl Marx et Le Rouge et le Noir.” Ces notes de d’Ormesson montrent combien ce livre est porté en cotice par le landernau littéraire de notre époque. Neuf ans après avoir écrit Le Rouge et le Noir, il récidive en commettant un autre chef-d’œuvre La Chartreuse de Parme. Comme pour le Rouge et le Noir, il s’inspire d’une vraie histoire, pour écrire son livre. Ces faits qui ne sont dans la réalité que de simples faits divers, deviennent sous la plume de Beyle de sublimes histoires. Manuels d’ambition et de bonheur, ces deux livres ont de nos jours d’ardents amoureux et défenseurs qui se font appeler les Beylistes. Energique, aimant le plaisir et la vérité, Stendhal s’il n’a pas réussi à conquérir le cœur de ses contemporains, est devenu une icône en notre époque. Lucide, tendre l’écriture de Stendhal  nous charmera toujours. Julien Sorel, Fabrice del Dongo, Lucien Leuwen, ses personnes hanteront pour toujours la littérature universelle. Après avoir travaillé pendant plusieurs années en dehors de la France, il revient en 1942 mourir à Paris.

Boualem B.

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