- La critique littéraire
Le texte comme objet de passion et d’analyse
La profusion des écrits littéraires, même si elle peut renseigner d’une manière approchée sur l’état de “santé culturelle” d’un pays, ne peut s’inscrire dans la durée de l’histoire littéraire que par un travail de sélection, de classification et de promotion des œuvres.
Il est tout à fait évident qu’un premier travail “d’élagage” s’effectue par une sorte de décantation naturelle qui fait émerger le “bon goût” du moment, selon l’expression classique.
Cependant, une intervention de l’élite intellectuelle composée d’universitaires et d’hommes de culture, permet de baliser les idées, de consacrer des tendances et de faire émerger des courants.
Cette intervention, généralement non institutionnalisée, se fait dans le monde moderne par le moyen de la presse écrite, de la radio, de la télévision, des colloques et des écrits universitaires.
Ce que l’on nomme tout simplement la critique littéraire a une fonction culturelle, idéologique et esthétique certaine. Son histoire même si elle remonte sur le plan formel aux heures de gloire de la renaissance littéraire européenne, ne se confond pas toujours avec l’histoire de la création littéraire elle-même. Des décalages temporels, parfois considérables, séparent l’œuvre de son analyse critique.
L’un des plus prestigieux critiques littéraires du XIXe siècle, Sainte-Beuve, avait, dans ses deux ouvrages intitulés Portraits et Causeries du lundi, une méthode toute classique de l’analyse des œuvres littéraires de son époque et des créations plus anciennes. Taraudé par le destin du classicisme et l’agitation du romantisme, il conclut que le premier à valeur de consentement et le second d’inquiétude devant le siècle. Dans une critique acerbe de Lamartine, Sainte-Beuve renie le courant romantique lequel, dit-il, ne sied qu’à la jeunesse.
Les causeries classiques
Depuis les restrictions des libertés d’expression sous l’Empire, Sainte-Beuve ne veut plus parler de politique, il pense que la philosophie est suspecte, il est interdit de ne pas faire l’éloge de l’église catholique. Quant à la morale, Sainte-Beuve s’en est éloigné depuis la condamnation de Baudelaire, Flaubert et Feydeau. Il lui restait alors la “littérature pure” qu’il voulait dégager comme entité qui n‘aurait aucune relation avec la politique, la religion et la morale. Il avait alors excellé dans les biographies et les portraits d’auteur qui remplissent la République des lettres.
Cela ne l’empêche évidemment pas de faire sa propre analyse, de tracer les jalons du bon goût et de dire crûment, son opinion à propos de l’œuvre.
“Le propre des critiques en général, comme l’indique assez leur nom est de juger et au besoin, de trancher, de décider”.
Les thèmes des “causeries” sont d’une extrême diversité et dictés par l’actualité éditoriale ou les goûts du critique. Il y embrasse aussi les œuvres littéraires antiques que les créations des lumières ou de son temps. L’auteur a beaucoup évolué par rapport à son ouvrage Portraits.
D. Madelénat note que “la causerie marque, par rapport au portrait, un triomphe de l’essai sur la biographie et du jugement sur la compréhension par sympathie : mutation radicale du point de vue, de la manière et du style. La critique, désormais, sans négliger l’homme, l’aborde davantage par ces œuvres, sur lesquelles il jette un regard aigu, désabusé, moins indulgent sous l’extrême urbanité de ton, le portrait est plus ramassé, les traits s’accusent avec plus de vivacité. Une extrême liberté de composition donne souvent l’impression que le sujet est prétexte à une guirlande de développements brillants ou incisifs. Les partis pris ne se déguisent plus et des arrêts sont souvent prononcés d’abord au nom de l’idéal classique, de la raison et du goût, puis à partir des années 1860 en fonction d’un historicisme nuancé”.
Pour se préparer à de tels jugements, l’auteur procède au recueil de la matière première : les documents originaux des œuvres, les témoignages et toutes sortes de notes et de renseignements pouvant éclairer son analyse et l’aider dans son jugement.
Ce modèle classique de la critique avait fait des émules parmi la classe intellectuelle européenne jusqu’au début du 20e siècle. Outre la publication d’ouvrages de critique, ceux qui sont passés professionnels en la matière ont souvent eu recours au support du journal et surtout de revues spécialisées.
Les nouveaux horizons de la critique
Albert Thibaudet rappelle que la naissance de la corporation critique a lieu en fonction de celle de deux autres corporations, inexistantes avant le 19e siècle, celle des professeurs et celle des journalistes. Dans son ouvrage intitulé “physiologie de la critique (1930)”, il distingue trois niveaux de critique : “La critique des honnêtes gens ou critique spontanée, est faite par le public lui même, ou plutôt par la partie éclairé du public et par des interprètes immédiats. La critique des professionnels est faite par des spécialistes dont le métier et de lire des livres, de tirer de ces livres une certaines doctrine commune, d’établir entre les livres de tous les temps et de tous les lieux une espèce de société. La critique des artistes est faite par les écrivains eux-mêmes, lorsqu’ils réfléchissent sur leur art, considèrent dans l’atelier même les œuvres que la critique des honnêtes gens voit dans les salons et que la critique professionnelle examine, de discute, même restaure, dans les musées”.
Une intéressante histoire de la critique nous est offerte par le prestigieux ouvrage de Roger Fayolle intitulé “La critique” (1964). l’auteur y retrace l’histoire de cette discipline et replace certains célèbres critiques (Sarte, Max-Pol, Fauchet, Maurice Nadeau, Pierre Henri, Simen…) dans les rôles qui sont les leurs.
En son temps déjà Albert Thibaudet a distingué une critique lui évalue et apprécie — pour abaisser ou pour exalter — une critique qui scrute et mesure, pour mieux connaître. Selon les termes de Roland Barthes, on peut parler de critique de “lancée” et critique de structure.
Quels que soient les supports matériels de l’expression de la critique (revues, journaux, TV, ouvrages universitaires) et malgré la différence de niveau pédagogique qui les caractérise, la critique littéraire a fini par constituer une discipline à part entière presque un corps de métier dont les sources et les ressources philosophiques se sont grandement diversifiées au cours de la deuxième moitié du 20e siècle. Structuralisme, psychanalyse, sociologie sont quelques unes des disciplines extérieures auxquelles a fait appel la critique littéraire. L’expression “nouvelle critique” désigne moins une école qu’une tendance commune, “un même type de recherche qui choisit de privilégier l’œuvre, non pas à la façon d’un sanctuaire dont on se tient à distance par impuissance ou par respect, mais comme le lieu même de l’enquête ou à tout le moins son point de départ point oblige”, selon “la littérature en France de 1945 à 1968” (Bordas, 1982).
Cette nouvelle tendance puise dans la linguistique, la psychanalyse et dans le marxisme () l’exemple de Lucien Goldman).
Jacques Lacan, Roland Barthes, Marhe Robert, Tzvetan Todorov, Gerard Genette, Julia Kristeva… sont autant d’analystes qui ont donné à la critique littéraire un souffle et un horizon nouveau qui l’amène à appréhender les œuvres littéraires sous le regard des sciences humaines aussi diversifiées que la sémiologie, l’histoire, la psychanalyste, la sociologie… etc.
En Algérie, des efforts méritoires ont été déployés par des individus ou des équipes de chercheurs pour décrypter avec des moyens modernes les œuvres littéraires algériennes. Pendant les années 1980, Dalila Morsly, Christiane Achour, Beidha Chikhi, Boualem Souibès, Zineb Ali Benali, Denise Louanchi, Nadjet Khedda, Mourad Yellès Chaouche…etc ont initié des travaux de critique littéraire relatifs aux textes de Mohamed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun Assia Djebar,… C’est un véritable capital en matière d’investigation et de recherche universitaires qui permet de situer les œuvres littéraires algériennes dans le contexte de l’imaginaire national, de l‘inconscient collectif et de la psychologie individuelle.
La revue “Kalim” qui était édifiée par l’OPU (office des publications universitaires), était une véritable tribune de recherche et de critique littéraires.
Nous pouvons apprécier déjà des titres d’études comme : “Le mythe de la ville nouvelle” dans le discours utopique dibien”, “Structures du récit” dans “Cours sur la rive sauvage”, “Nedjma Quête d’identité et découverte d’altérité” et “Loin de Nedjma” : de la locution à la fiction poétique.
Nous pouvons, néanmoins nous pose la question de savoir quel est le rôle de la critique littéraire dans un pays où l’acte de lecture n’est pas consacré comme principe de formation et de culture et où l’enseignement de la littérature est réduit à la portion congrue. Comme le souligne Antoine Compagnon, professeur à l’université de Columbia, “La critique littéraire est inséparable de l’enseignement de la littérature. Elle sert à légitimer cet enseignement et elle fournit des pédagogies. Elle permet de parler de la littérature autrement que par jugements de valeur. Elle est dépendante de la littérature comme institution scolaire”.
Amar Nait Messaoud
http://www.depechedekabylie.com/popread.php?id=1304&ed=844
12 décembre 2009 à 22 10 54 125412
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