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La tourmente d’un rêveur innocent

12 juin 2009

Non classé

  • Bururu, roman de Tahar Ould Amar
    La tourmente d’un rêveur innocent

Dans Bururu, Tahar Ould Amar nous raconte l’histoire mouvementée du jeune Moh, l’enfant d’une cité populaire de la capitale. subjugué par la beauté d’une jeune fille qui vient de passer devant lui, le jeune Moh réalisa qu’elle est la cible d’un groupe de jeunes voleurs issus de son quartier.

Bururu, cet oiseau de la nuit, porteur de malheur et de désolation, est le nom qu’a choisi Tahar Ould Amar pour titrer son premier roman qui vient de sortir aux éditions Azur. L’auteur, qui vient par le biais de ce produit littéraire, consolider le processus d’affirmation d’une nouvelle littérature amazighe, est journaliste de son état. Ecrit dans un amazigh quotidien, accessible pour toutes et tous, ce roman se veut un témoignage d’une étape très sensible de notre histoire récente, la décennie terroriste. Publié aux Editions Azur, Bururu est un roman de 123 pages. L’illustration de la couverture est de Toufik Hadibi lequel, il faut le dire, a réussi une œuvre originale qui exprime fortement le contenu de Bururu. La préface du roman porte la signature de deux enseignants du DLCA de l’université de Béjaïa, MM. Allaoua Rabhi et Zahir Meksem.

Dans Bururu, Tahar Ould Amar nous raconte l’histoire mouvementée du jeune Moh, l’enfant d’une cité populaire de la capitale. subjugué par la beauté d’une jeune fille qui vient de passer devant lui, le jeune Moh réalisa qu’elle est la cible d’un groupe de jeunes voleurs issus son quartier. L’ayant secouru, Moh fait la connaissance, Dounya est la fille d’un haut gradé de l’armée. Ayant menti sur lui-même, s’étant présenté comme le fils d’un grand commerçant, Moh s’est retrouvé victime de son propre mensonge. En voulant dire la vérité à Dounya, qu’il fréquentait depuis quelques temps, celle-ci a eu une réaction violente et brutale : “Il faut te rendre compte que nous ne sommes pas de la même classe, il ne faut plus penser à moi”. A partir de cet instant, la vie de Moh bascula. De rêveur innocent, il devient un tourmenté qui ne vit que pour amasser de l’argent et égaler la fortune du père de sa bien-aimée. C’est alors qu’il intègre un réseau de trafiquants de voitures. Arrêté par la police, il fut jeté en prison pour quelques mois. A sa sortie, il décide d’immigrer. Du Maroc, il va en Espagne puis en Italie. Dans ce pays, il ne trouve pas son voisin Rida, surnommé Grifa, qui s’est fait prendre par la police. Il est pris en charge par des amis de celui-ci, deux jeunes Marocains qui l’attirent dans l’univers de l’alcool et de la drogue. Sans travail, sans sa “dose”, Moh tente de voler une vieille femme. Arrêté, il retrouve Rida en prison. Depuis cette rencontre, sa vie prend une autre tournure. Il est pris dans une tornade qu’il ne peut plus contrôler. Membre d’un réseau islamiste, Rida introduit son voisin dans le groupe. Avec finesse, Tahar Ould Amar nous introduit dans la vie interne des groupes islamistes. D’Italie à la France , Moh atterrit à Alger. Au lieu de rejoindre la maison familiale, il est pris en main par ses amis barbus. “Tu es recherché par la police, tu es fiché comme moudjahid !”, lui dit-on. D’Alger à Zberber, le destin le conduit vers les grottes de “Abou Ikhejdan”, l’émir de la région. Ayant assisté au massacre de tout un village, Moh dans un moment de panique du groupe, saisit l’occasion et tire tuant l’émir sanguinaire. Depuis ce moment, il fait le maximum pour fuir ce groupe terroriste. Pour ce faire, il gagne la confiance de Mourad, un terroriste blasé et se rapproche habilement du nouvel émir qui le prendra comme bras droit. Ce dernier lui accorde sa demande de mariage avec Dalila, une fille enlevée dans un village voisin et épousée malgré elle par l’émir assassiné. La fille qui séduit Moh dès le premier jour, reprend goût à la vie dans les bras de l’amour caressant de son nouveau mari. En compagnie de Dalila, Mourad et Nadia, Moh quitte le maquis de Zberber. Dans la gare de Boumerdès, en partance pour Alger, le groupe de “miraculés” prend place. Pour terminer son texte, Tahar Ould Amar prend le soin de clôturer son roman sans clore le problème de la violence terroriste. “… je regarde de la fenêtre, je vois deux barbus aborder la colline”. Telle est la dernière phrase du roman.

A la lecture de ce roman, nous retenons que si l’amour contrarié de Dounia, fille d’un haut dignitaire du régime a conduit Moh vers la dérive, vers le vol, la drogue et le terrorisme, paradoxalement, c’est un autre amour, celui de Dalila, fille d’un petit chef de kasma, qui le remet sur la voie de la vie et du sourire. “Je partirais avec toi en enfer…”, cette phrase prononcée par Dalila, contraste, rassure et efface le “nous ne sommes pas de la même classe” de la fille de Hydra. Tahar Ould Amar, avec un style d’écriture dynamique et souvent plein de dérision, utilise cet amour qui élève l’homme au rang des saints, pour décomplexer Mourad, un orphelin enrôlé par les terrorismes intégristes. En effet, celui-ci retrouve la joie de vivre aux côtés de la jeune Nadia qui, par peur du regard des autres et de leur cruauté, hésite à retourner dans la maison de ses parents. Nadia, comme Dalila d’ailleurs, sont deux jeunes femmes enlevées par les terroristes islamistes et obligées de se marier, l’une à un neveu de l’émir national et l’autre, à l’émir du groupe de Zberber. C’est l’exemple de centaines de femmes abaissées au rang d’esclaves sexuelles par des terroristes qui les considéraient comme de simples butins de guerre, sans aucun respect pour leur humanité. Sauvées par les deux hommes, les filles retrouvent le sourire à côté de ceux-là qui ont compris, mieux que personne d’autre, le martyre qu’elles ont subi. L’auteur touche là à un problème essentiel de la crise violente imposée à notre peuple. Quel est le nombre de ces femmes enlevées et violées dans les maquis ? Quel sera leur avenir ? Quelles sont les mesures concrètes qui leur garantissent la réinsertion dans le tissu social ? Des questions que la lecture de Bururu provoque en nous, sans que nous soyons en position d’y apporter des réponses. D’un autre côté, cette histoire qui commence et qui finit à Alger, dans un mouvement de départ et de retour qui a tant changé Moh et ses amis, détruit à sa façon les clichés qui sont construits au sujet de la nouvelle littérature amazighe : “Une littérature purement de combat et à thème exclusivement identitaire”. Le roman de Tahar Ould Amar, qui a traité du terrorisme est venu démentir cette idée tant répandue chez des “spécialistes/observateurs” qui hésitent encore à approcher suffisamment l’écrit en langue tamazight, se contentant d’un regard lointain et à la limite dédaigneux. “La prétention” de tamazight à véhiculer une littérature d’un niveau appréciable et de qualité leur semble une méprise, parce qu’elle bouscule quelques-unes de leurs hypothèses qui construisent leurs carrières et leurs êtres scientifiques. A défaut de côtoyer sérieusement la nouvelle littérature amazigh, beaucoup de phototypes réducteurs continuent à façonner le discours traitant de cette écriture qui, il faut le rappeler, est nouvelle. En vérité, non seulement le texte en langue amazighe est un texte à thèmes actuels et multiples, mais je dirais qu’il est en train d’explorer des thématiques que le texte écrit en langues arabe et française hésite encore à aborder… ! Bururu, un roman facile à lire, à lire au plus tôt.

 

Brahim Tazaghart

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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