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Décrire et transcrire le souffle poétique

12 juin 2009

1.POESIE

  • Aït Menguellet en livre
    Décrire et transcrire le souffle poétique

Décrire et transcrire le souffle poétique dans 1.POESIE 1057_12650

L’étude et la recension de notre patrimoine littéraire oral remonte au 19e siècle avec les premiers travaux réalisés par les militaires et les ethnologues coloniaux. Ces derniers ont même ouvert la voie à la connaissance du pays et de sa culture et ont servi d’éclaireurs aux occupants physiques. Mais quels que fussent les objectifs recherchés- qui ne manquent ni d’arrière-pensées de connaître

en profondeur la nouvelle société soumise ni de besoin d’exotisme de pacotille nourri par les ersatz de l’orientalisme en vogue-, il n’en demeure pas moins que le résultat de ces investigations, constituées d’une matière brute précieuse, ont utilement servi ultérieurement l’entreprise de réhabilitation de pans entiers de la culture kabyle.

La suite des travaux menés par Boulifa, Bensedira, Malek Ouary, Mammeri,…a non seulement continué et complété les recherches antérieures, mais a aussi affiné et corrigé des points particuliers ou des méthodes de travail parfois lacunaires. En tout cas, grâce aux recherches souvent difficiles et solitaires, les nouvelles méthodes initiées par Mouloud Mammeri ont fait entrer de plain-pied les sommes d’informations et d’études réalisées dans une discipline scientifique, l’anthropologie culturelle, elle-même marquée du sceau de la jeunesse tant ses règles et l’épistémologie qui la soutient sont établies tardivement. Mêlant les disciplines de la linguistique, de la lexicologie, de l’histoire, de la littérature comparée et de la  sociologie, la nouvelle science permet de saisir la profondeur historique d’une culture, le statut de ses acteurs, l’évolution de la pensée et de la langue, les circonstances et la portée de la production des discours.
C’est ainsi que des hommes de culture, des poètes des producteurs de sens, longtemps maintenus dans une position d’anonymat officiel que seule la mémoire populaire battait en brèche, ont fait irruption dans la culture kabyle moderne.
Si Muh U M’hand, Youcef Ukaci, Youcef Ulefqi, Kaci Udifallah, Chikh Mohand Ulhocine,…ont connu, par une belle revanche l’histoire, une fortune particulière depuis les années 1980. Cela n’aurait jamais été possible sans l’intérêt que leur ont porté les hommes de culture de la dimension de Mammeri et Feraoun.
Le verbe semé à tout vent dans les rues ou les champs, la parole sage et le conseil approprié prodigués aux gens, les complaintes et les dénonciations formulées à l’endroit d’un destin adverse, toute cette conscience enfouie dans les replis de la mémoire a fait l’objet d’une mise en forme moderne, d’une réhabilitation et d’une exégèse qui la rendent accessible à la génération de l’ordinateur et de l’Internet.
L’histoire culturelle de la Kabylie va enregistrer dans ses annales un travail d’une portée civilisationnelle d’une exceptionnelle portée.
Le même élan de volonté de réhabilitation et de promotion de la culture par les moyens modernes de transcription et d’enregistrement a commencé à animer des chercheurs et écrivains à partir du milieu des années 1980. La nouvelle génération de chercheurs, en autodidactes ou dans le cadre d’un travail universitaire, s’est particulièrement intéressée à la production littéraire kabyle dans sa composante chantée.
Les textes poétiques de Slimane Azem, Cherif Kheddam, Aït Menguellet et Matoub Lounès ont vite attiré l’attention des hommes de lettres et d’universitaires par leur haute qualité esthétique et par les valeurs culturelles intrinsèques qu’ils développent.
Des écrits journalistiques florissants sont aussi régulièrement consacrés à ces chanteurs.
La masse d’articles traitant d’El Hasnaoui, Slimane Azem, Aït Menguellet, Ferhat Imazighen Imoula, Matoub, …constituent une belle et intéressante compilation qui, transformée en livres, se déclinerait en plusieurs volumes.
L’intérêt porté à la poésie moderne kabyle va au-delà du simple fait de vouloir transcrire sur papier une production audio. Certes, c’est déjà là un moyen apprécié à travers le monde comme étant le plus noble vecteur de la culture. La valeur mythique du livre en tant qu’instrument privilégié de la transmission culturelle a joué ici un grand rôle dans la motivation de coucher par écrit la parole dite dans une cassette ou un CD audio.
Au-delà donc de ce souci de “standardisation culturelle’’ pour des produits d’une facture littéraire avérée, il y a la préoccupation majeure de traduire dans l’une des langues les plus usitées et les plus performantes dans le monde, à savoir le français, les poèmes composés dans une langue plus orale qu’écrite et qui n’a pas encore le privilège d’une large diffusion. A cela s’ajoute un autre intérêt que beaucoup d’auteurs ont tant bien que mal essayé de mettre en valeur : l’analyse des œuvres poétiques.
La poésie moderne kabyle telle que représentée par Aït Menguellet constitue incontestablement un sujet d’étude et d’analyse qui mérite sa place dans la grande recherche qui se fait autour des œuvres littéraires dans le monde. Tout en s’inscrivant dans l’authenticité et le continuum de la poésie classique telle que connue chez Si Muh U M’hand, Youcef Ukaci et Chikh Mohand Ulhocine, les textes d’Ait Menguellet expriment la nouvelle réalité algérienne et kabyle induite par les désillusions nées de l’indépendance du pays, la perte des repères culturels, la politique de l’arbitraire et du mépris, les injustices sociales, l’angoisse existentielle et le sentiment de l’absurde. C’est l’homme dans son entièreté, avec ses joies et ses peines, son élévation et les abjections qui le guettent, ses qualités et ses défauts, qui traverse l’œuvre d’Aït Menguellet étalée sur bientôt une quarantaine d’années. Une œuvre exceptionnelle par sa densité, son esthétique et sa dimension universelle.

Amar Naït Messaoud

http://www.depechedekabylie.com/popread.php?id=12650&ed=1057

N° :1057     Date  2005-11-24

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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