Mariages à l’algérienne (2e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 1re partie : Les belles-mères d’autrefois sont, aujourd’hui, rares, mais il en reste encore et certaines sont même criminelles !
La belle-mère occupait une place importante dans la société traditionnelle. Opprimée comme toutes les femmes, elle est d’abord elle-même mise sous la botte de sa belle-mère, mais une fois ses enfants mariés, elle acquiert plus d’autorité et devient souvent un tyran.
Les belles-mères d’autrefois sont, aujourd’hui, rares, mais il en reste encore et certaines sont même criminelles ! Voici un récit vécu il y a à peine une cinquantaine d’années.
C’est Larbi, fils unique, qui a vu, pour la première fois, au cours d’un mariage, Zahia.
la jeune femme lui a plu et il a aussitôt dit à sa mère, Meriem, de la demander en mariage.
Meriem n’est pas du tout contente que son fils choisisse, lui-même, son épouse. Dans les familles bien pensantes de l’époque, c’est la mère, et elle seule qui choisit sa bru.
— que lui trouves-tu à ce sac à os ? demande-t-elle méprisante. Elle ne te donnera pas d’enfants solides et tu n’auras guère une bonne ménagère !
— C’est elle que je veux, mère !
— il y a mieux que cela !
— et moi, je te dis que c’est elle que je veux !
Comme elle veut tergiverser, Larbi se montre tranchant.
— ou c’est elle, ou je ne me marierai jamais !
Meriem crie à la sorcellerie. Dès qu’elle voit ses amies, elle se confie à elles.
— cette femme a ensorcelé mon fils, il n’y a pas d’autres explications à cela !
— tu devrais agir, dit l’une des amies : désenvoûte-le !
Et ce sera une longue période de potions, d’herbes magiques que l’on fait brûler, le soir, au coucher. Parfois, Larbi trouve à son plat un drôle de goût.
— qu’est-ce qu’il a ton plat ? Il a un goût amer !
— c’est le poivre, dit Meriem.
Larbi repousse le plat et refuse de manger.
— si tu continues à cuisiner avec ce poivre, j’irai manger dehors !
Meriem promet de changer de poivre. Un jour, elle se demande si toutes les opérations qu’elle a faites ont réussies. Timidement, elle demande à son fils.
— dis-moi, j’ai vu une belle jeune fille…
Larbi tend l’oreille.
— c’est ta cousine maternelle…
Larbi se rebiffe aussitôt.
— je ne veux d’aucune jeune fille !
— mais ta tante et son mari sont prêts à te la donner…
— Je te dis : je ne veux d’aucune jeune fille !
Et il ajoute.
— Tu sais, qui je veux…
Et il finit sur ce ton de menace :
— Hormis Zahia, ne me parle pas de mariage ! (à suivre…)
K. N.
11 juin 2009
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