Apparitions (2e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 1re partie : Alors qu’il est en congé, dans son village, Djaâfar, un médecin en permission entend parler d’un attentat à la télévision. Il veut retourner à l’hôpital.
En sortant de la maison, une rafale de vent le cueille. Il recule. Son père s’avance bravement.
— Je viens, avec toi ! dit-il.
— Non, dit Djaâfar, tu dois rester avec les enfants !
La pluie s’est mise à tomber.
— Dès que tu arrives, tu appelles ! dit sa mère.
— Fais attention à toi…, dit son père.
Il monte dans la voiture. Il a du mal à démarrer. Mais il parvient quand même à le faire. De toute façon, avec le temps qu’il fait, et surtout avec les caprices du relief, il n’arrivera pas avant une ou deux heures !
La route n’est pas du tout éclairée : il doit rouler avec les feux allumés. Il n’y a personne sur la route, de toute façon, à la nuit tombée, les gens sortent peu. Des terroristes sont signalés dans la région et l’on craint pour sa vie.
Les arbres et les rochers prennent brusquement un air inquiétant. On a l’impression qu’il s’agit de bras et de têtes qui tendent de happer le jeune imprudent, qui s’est engagé sur la route.
— Que Dieu, me protège, dit Djaâfar qui ne regrette pas du tout son équipée, parce qu’il sait qu’on l’attend et qu’il pourrait peut-être sauver des vies humaines.
La pluie s’est mise à redoubler. Ses essuie-glaces fonctionnent, mais sa visibilité est presque réduite à zéro. Il avance encore un peu, puis s’arrête.
— Je vais attendre que la tempête passe !
Il se met sur le côté et attend, le cœur serré d’angoisse. Il a éteint ses phares pour ne pas se faire remarquer. On ne sait jamais qui peut passer par les temps qui courent.
Il n’y a plus que le bruit de la pluie qui bat la campagne. Brusquement, un bruit de moteur se fait entendre.
«qu’est-ce que c’est ?», se demande-t-il, effrayé.
Il se met à trembler, fermant les yeux, pour qu’on ne l’aperçoive pas. Le bruit se rapproche. C’est certainement un tout-terrain. Mais à qui appartient-il ? Aux forces de l’ordre ou à ceux qui sèment la terreur ? Comme il n’est sûr de rien, il préfère ne pas donner signe de vie.
«Mon, Dieu, protégez-moi !»
La voiture passe presque, en le frôlant. Les occupants ne se sont aperçus de rien et continuent leur chemin.
Djaâfar ouvre les yeux.
«Ils sont partis» murmure-t-il.
Il reste encore un moment, le temps de retrouver son souffle. Puis, lentement, comme si il craignait qu’on ne l’entende, il démarre.
«A Dieu va !» (à suivre…)
K. N.
11 juin 2009
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