Boumerdès
2e colloque national sur la littérature algérienne
Du roman en général et de Mimouni en particulier
La 2e édition du Colloque national sur la littérature algérienne d’expression française, en hommage au grand écrivain Rachid Mimouni, a débuté samedi dernier à la maison de la culture qui porte son nom à Boumerdès. La très attendue ministre de la Culture à la cérémonie d’ouverture a fait défection et mandaté son chef de cabinet Zehira Yahi pour l’y représenter
Le colloque n’en a été cependant que « plus beau », tel le printemps de Mimouni. Car il y a toujours dans la masse des énergies et des talents capables de faire d’une « peine » « une paix à vivre ». Mohamed Choumaïssa est de ceux-là, il est venu de Bou Saâda pour proposer à l’assistance une interprétation musicale du Fleuve détourné, une œuvre phare du défunt Rachid Mimouni. Avec son violon, il a montré qu’on a beau détourner le fleuve, celui-ci reprend toujours son cours naturel. Le dramaturge Omar Fetmouche lui donnera la réplique en adaptant au théâtre des passages du Fleuve détourné. Deux jeunes acteurs, Ahcène et Anissa, l’accompagneront magistralement. Le docteur Bendjelid Fouzia, enseignante à l’université d’Oran, et qui a beaucoup travaillé sur l’œuvre de Mimouni, donne à la rencontre son aspect et sa substance académique avec ses analyses et interprétations. C’est tout Rachid Mimouni qui se révèle dans cette première journée : le petit enfant du peuple qui, issu d’une autre génération, devait grandir dans la cour des grands à l’ombre de Mohammed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri pour enfanter des œuvres immortelles. Et un homme de cet acabit ne pouvait que se sentir profondément concerné par le malheur qui a commencé à secouer l’Algérie à partir de l’année 1991. Il ne manquera pas ainsi de rendre hommage à son ami écrivain Tahar Djaout dans son roman La malédiction, notamment. Si le colloque qu’organise la direction de la culture de Boumerdès se fixe parmi ses objectifs majeurs de « concilier les écrivains algériens arabophones avec leurs concitoyens francophones », c’est qu’une rupture s’est produite dans le processus de consolidation de la personnalité algérienne. Lorsqu’on sait que Mimouni lui-même a subi les affres de la bureaucratie, le malheur de la censure, une pression terrible des soi-disant plus nationalistes que lui, vers la fin de ses jours, celle de la barbarie intégriste, on ne peut que voir dans le personnage un citoyen qui s’inscrit résolument dans le combat pour la liberté et la démocratie. L’écrivain né le 20 novembre 1945 dans la région de Boudouaou décédera 50 ans plus tard (le 12 février 1995) à Paris, léguant à la littérature algérienne d’expression française, un héritage qui la consolide dans la voie que lui avaient tracée les Feraoun, Dib et Kateb Yacine. Ce n’est donc pas un hasard si Mimouni, un auteur bardé de prix et de distinctions, suscite aujourd’hui des débats sur l’« occidentalisme », la créativité algérienne entre position et moyens, la manière d’écrire autrement, ou encore « la langue de la mémoire ». La manifestation va se poursuivre aujourd’hui encore et demain avec à l’affiche des interventions de Waciny Laredj, Rachid Boudjedra, Abdelhamid Bourayou, Daoud Mohamed et d’autres. Quelques absences enregistrées hier ont quelque peu chamboulé le programme, mais les thèmes des conférences prévues ne sont pas pour autant très influencés puisque celles-ci sont toutes maintenues (voir le programme dans notre édition d’hier en page 19). Les invités qui n’ont pas rejoint hier la ville de Boumerdès y sont attendus cette matinée, selon Melle Tafat, de la direction de la culture. Des activités sont agrémentées par une exposition de livres dans le hall de la maison de la culture qui accueille la manifestation.
Par
Edition du 27 février 2006 El watan
10 juin 2009 à 20 08 41 06416
Mimouni, que certains pseudos – universitaires ont qualifié, au départ de romancier appartenant à la vieille vague du réalisme socialiste, est en fait un écrivain de l’école réaliste .Il l’avait bien prouvé dans ses derniers romans !Sa mort prématurée, a fait perdre à l’Algérie un auteur irremplaçable ; du moins dans son genre…