Hantises (73e partie)
Par K. Noubi
Réconfort : Et elle se met, une fois de plus, à bercer les enfants dans une douce espérance.
Dans la villa des R., c’est, depuis quelque temps, le silence qui règne. Le chef de famille, Zoubir, est à l’étranger où il doit subir une grave opération. Sa femme et ses deux fils sont avec lui. A la maison, sont restés la vieille grand-mère Meriem et les deux benjamins, Samir et Djamila.
La vieille Meriem est constamment au téléphone. On lui annonce pratiquement toutes les nouvelles et elle essaye de rassurer les enfants.
— Comment va papa ? demande Djamila.
— Il va aller mieux dans quelques jours quand l’opération sera réussie !
— Et tu crois que l’opération sera réussie, grand-mère ?
— Espérons-le ma fille !
Le petit Samir, lui, est taciturne. Combien il aimerait être avec son père, combien il voudrait être à son chevet… Malheureusement, il n’a pas été prévu dans le voyage. De toute façon, il doit aller à l’école et faire en sorte que son père soit content de lui, à son retour.
— Grand-mère, dit-il, j’ai eu un dix-neuf en mathématiques !
La grand-mère sourit.
— Voilà qui va faire plaisir à ton père !
— Je vais tenter d’avoir également une bonne note en récitation… Tu sais, je n’aime pas beaucoup la récitation, mais je vais faire un effort !
— Cela fera encore plus plaisir à ton père !
— Et moi, dit Djamila, j’ai eu également de bonnes notes à l’école !
La vieille Meriem est émue.
— Espérons que votre père reviendra !
Et ne se retenant plus, elle éclate en sanglots. Les petits l’entourent et se mettent à pleurer avec elle.
— Grand-mère, ne nous dis pas qu’on ne va pas revoir notre père !
— Non, non, bien sûr !
— Alors pourquoi ces larmes ?
— C’est l’émotion !
Et elle se met, une fois de plus, à bercer les enfants dans une douce espérance.
— Votre père guérira… il est entre de bonnes mains…Prions seulement Dieu qu’il le sauve !
— Nous prions, grand-mère !
On appelle au téléphone. La grand-mère se lève lourdement et va répondre. Elle semble très émue et les enfants comprennent que l’opération va avoir lieu dans la nuit. La vieille pose le téléphone et revient à sa place.
— C’est pour ce soir ? demande Djamila.
— Quoi, ce soir ? demande Meriam
— L’opération…
La vieille hésite, puis, elle dit :
— Oui, c’est pour ce soir… Ce soir, dit-elle, nous allons invoquer Dieu pour qu’il sauve votre père…
Et elle se détourne, pour cacher une larme (à suivre…)
K. N.
9 juin 2009
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