Les deux orphelins (4e partie)
Résumé de la 3e partie : Ebloui par la beauté de Meriem, le Prince la ramène au palais, tandis que son petit frère, transformé en gazelle, les suit…
Le prince demanda donc la main de Meriem qui acquiesça, tout heureuse, mais en posant une seule condition, d’ailleurs acceptée par son fiancé : il ne chasserait plus les gazelles.
Dans la maison de Meriem, du jour où les deux enfants étaient partis, le père ne se consolait pas de leur absence et dépérissait dans la tristesse et la misère. Le sort s’acharnait sur lui : le soleil et le vent avaient desséché ses récoltes ; ses moutons avaient été décimés par la maladie ; il n’avait plus la force de travailler. Tout lui était hostile. Il en vint à être réduit à la mendicité.
Un jour, il frappa à la porte du palais du Roi. Il demanda I’aumône de l’extérieur et Meriem reconnut sa voix. Elle dit à sa servante de l’accueillir et de lui préparer une galette. Quand la servante eut préparé sa pâte et l’eut mise au repos, Meriem entra subrepticement dans la cuisine, glissa des pièces d’or à l’intérieur du gâteau et se retira. La servante mit sa galette à cuire, puis la donna, chaude et dorée, au mendiant. Celui-ci la rapporta précieusement chez lui. Lorsque sa femme et lui la partagèrent, ils furent stupéfaits et éblouis d’y trouver ce petit trésor.
La femme trépignait d’impatience que son mari retournât au palais. Elle avait soupçonné que seule la fille aînée de celui-ci avait été capable d’introduire des louis dans la galette et voulait, dans un deuxième essai, en avoir confirmation.
Le mendiant se représenta. Sa voix fut reconnue par Meriem. Sa galette fut de nouveau remplie d’écus.
Ayant ainsi acquis la certitude que Meriem était la bru du Roi, la marâtre eut l’audace de se rendre elle-même au palais accompagnée de sa propre fille et de demander à voir la princesse en s’annonçant comme sa propre mère.
La servante vient informer Meriem qui, très ennuyée, fit introduire les deux femmes par la porte de ses appartements privés. Pourtant, comme elle était pleine d’innocence, elle raconta ce qui leur était arrivé et comment, à l’insu du Prince, son jeune frère transformé en gazelle venait à la tombée de la nuit dans les jardins du palais se faire un peu choyer par elle. Elle garda même sa marâtre et sa demi-sœur pendant quelques jours, leur fit faire le tour du domaine. Elle leur indiqua au passage un puits recouvert par précaution d’un grand tapis car, en son fond, se trouvait un redoutable boa.
La jeune princesse attendait un enfant. Un jour qu’au jardin il faisait très chaud, à l’heure de la canicule, Meriem se sentit fatiguée. Elle voulut s’asseoir. La marâtre lui proposa de s’installer sur le bord du tapis en profitant d’une marge excédentaire. Elle s’assit elle-même la première et tendit son genou pour que la jeune femme y posât sa tête. Puis elle plongea ses mains dans la nuque de Meriem, passant et repassant ses doigts dans ses cheveux souples, au point que la princesse finit par s’endormir. Dès lors, la marâtre souleva le tapis et la bascula dans le puits. (à suivre…)
Tiré des Contes mystérieux d’Afrique
du Nord de Jeanne Scelles-Millie
9 juin 2009
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