Histoires vraies
Une mère inquiète (3e partie)
Résumé de la 2e partie : La marquise supplie le curé de parler à son fils ce soir. Car demain matin, il sera trop tard…
François Le Dantec finit par accepter. Il va jusqu’au portemanteau pour y prendre sa pèlerine noire et son béret. Après tout, la marquise va sans doute lui proposer de l’emmener jusqu’au manoir…
Mais quand il se retourne, la marquise a disparu. Sans faire le moindre bruit. La porte de la cure est encore entrouverte. L’abbé reste un moment interloqué :
— Eh bien, voilà une dame qui ne manque pas d’autorité. Elle ne sait pas qu’il y a eu la Révolution. Enfin, maintenant que je suis habillé, allons jusqu’au manoir !
Au manoir des Genêts, c’est une vieille femme en coiffe blanche qui ouvre la porte. L’abbé se présente et demande à voir M. Jean-Yves du Faré. Le voici qui arrive :
— Ah ! C’est vous, le nouveau cureton ! Ravi de vous connaître ! Entrez donc ! Que diriez-vous d’un petit verre de chouchen ? J’en ai du fameux et ça m’ennuie de boire en suisse !
Jean-Yves du Faré a la quarantaine joviale et moustachue, un sourire désarmant et l’accueil chaleureux.
Après quelques propos à bâtons rompus, l’abbé François Le Dantec se décide à aborder le sujet du sport.
— On m’a dit que vous mettiez au point un tout nouveau type d’ULM. C’est bien comme ça qu’on dit ? Que vous aviez l’intention d’en faire la démonstration au meeting de dimanche en huit. Et même que, dès demain matin, vous aIliez faire une petite sortie depuis la falaise du saut du Diable…
Jean-Yves du Faré cesse soudain de rire. Il fronce les sourcils et semble perplexe :
—Non mais, dites-moi, l’abbé. Ça, c’est un peu fort. Qui a bien pu vous renseigner ? Je travaille sur mon nouvel appareil dans le plus grand secret depuis trois ans. Personne n’est au courant. Et ce n’est pas Anne, ma vieille gouvernante, qui aurait pu vous en parIer. Depuis que je peaufine mon projet, elle ne veut plus entrer dans mon atelier. Elle fait des signes de croix quand elle passe devant la porte. Alors, expliquez-moi un peu comment vous savez que je dois faire une sortie demain matin. Je l’ai décidé il y a à peine deux heures. Est-ce que vous lisez l’avenir dans vos bénitiers ?
L’abbé Le Dantec rit franchement devant cette sortie :
— Mon cher monsieur, vous devez bien vous douter de la source de mes informations ! C’est votre maman. Elle sort pratiquement de chez moi. Elle m’a tout expliqué et elle a beaucoup insisté pour que je vienne vous voir à cette heure tardive. Pour vous dissuader de faire votre essai. Sinon, croyez bien que j’aurais choisi un moment plus convenable pour vous faire une visite protocolaire (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
9 juin 2009
Non classé