Les deux orphelins (3e partie)
Résumé de la 2e partie : L’impitoyable marâtre tue la vache qui nourrissait les 2 orphelins puis détruit l’arbre qui leur offrait ses fruits et enfin déterre le corps de la mère pour le brûler…
Lorsqu’au lendemain les enfants virent ce désastre, ils décidèrent de s’éloigner pour toujours de leur pays.
Ils marchèrent longtemps, longtemps, à travers les bois, à travers les monts. Le soir, ils trouvèrent une source et, tombant de fatigue, ils allaient y boire lorsqu’une femme se présenta et dit :
«Ne buvez pas à cette source. Car ceux qui en boivent seront pétrifiés.»
Ils restèrent donc sur leur soif et finirent par s’endormir. Le lendemain, à l’aube, ils reprirent courage et marchèrent longtemps, longtemps, à travers les bois, à travers les monts. Au deuxième soir, ils trouvèrent une source et voulurent y étancher leur soif. Mais, comme ils approchaient leurs lèvres de l’onde, une femme se présenta et dit :
«Ne buvez pas à cette source. Car ceux qui en boivent sont transformés en bêtes fauves.»
Ils s’abstinrent donc de boire et, tombant de lassitude, ils se couchèrent et s’endormirent. Le lendemain, dès l’aurore, ils étaient sur pied et, toujours pleins d’espérance, ils marchèrent longtemps, longtemps, à travers les bois, à travers les monts. Au troisième soir, ils trouvèrent une source. Avant que la sœur aînée ait pu retenir son jeune frère qui s’était précipité pour se désaltérer, une femme s’était présentée pour dire :
«Ne buvez pas à cette source. Ceux qui en boivent sont transformés en gazelle !…»
Devant la jeune fille stupéfaite, le jeune frère s’effaça peu à peu et fut converti en une gazelle. La gazelle vint gentiment caresser Meriem de ses cornes, lui lécher les mains et tourner autour d’elle. Mais le dialogue avec le frère était rompu.
Alors, la jeune fille, subitement seule, effrayée, vit un grand arbre qui penchait ses rameaux au-dessus de la source. Craignant d’être attaquée par les bêtes féroces, elle y grimpa pour y passer la nuit.
Le lendemain matin, le fils du Roi en tournée de chasse vint à passer par là. Il caracolait fièrement sur un superbe coursier, son arc en bandoulière et s’approcha de la rive pour permettre à sa monture de s’abreuver dans l’onde. Tandis que le cheval se désaltérait, le fils du Roi aperçut dans l’eau le reflet d’un visage extraordinairement beau. Il se demandait si une telle beauté était celle d’un visage de femme ou de houri, lorsqu’en levant les yeux, il vit Meriem perchée sur son arbre.
Il l’aida à descendre, subjugué par sa grâce, lui demanda comment elle se trouvait là. La jeune fille raconta la triste histoire de la mort de sa mère, de la méchanceté de sa marâtre.
Le fils du Roi s’émut de tant de détresse et dit à Meriem que sa mère serait heureuse de l’aider à surmonter son malheur. Il prit la jeune fille en croupe et galopa sans apercevoir la jeune gazelle courant derrière le gracieux équipage.
Au palais, la Reine-Mère fut effectivement très séduite par la beauté de Meriem et s’isola avec son fils pour lui dire qu’il était difficile de trouver au monde une beauté comparable à celle de cette jeune fille et qu’elle donnerait volontiers son accord à un mariage avec elle si son fils le désirait. (à suivre…)
Tiré des Contes mystérieux d’Afrique
du Nord de Jeanne Scelles-Millie
9 juin 2009
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