Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
La bête du Gévaudan (3e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 2e partie : La bête, qui semble terrifier le Gévaudan, est décrite comme un animal fantastique qui ne pense qu’à tuer.
Le carnage reprend le 25 novembre. La victime est, cette fois, une pauvre de soixante ans, Catherine Valy, de Buffeyrettes, près d’Aumont. Surnommée la Sabrande, elle était très connue. Ce jour-là, elle gardait sa vache, assise sur un rocher, quand la bête l’a attaquée. Elle a essayé de se débattre, en vain, la bête a eu raison d’elle. Des passants l’ont aperçue et sont arrivés à chasser la bête. Le capitaine Duhamel, appelé à la rescousse, arrive. Il croit que la bête, dérangée dans son festin, allait revenir. Aussi fit-il poster dans les buissons, des dragons, avec ordre de tirer dès que le moindre animal pointe le museau. Mais la bête ne revint pas. On doit donc enterrer la malheureuse et repartir à la chasse à la bête.
Les dragons du capitaine n’arrivent pas à la piéger, mais ils tuent quand même soixante-quatorze loups, ce qui est un record. On essaie de reconnaître la bête dans l’un des loups abattus, mais ceux qui ont eu l’occasion de la voir ne la reconnaissent pas.
C’est alors qu’on vient à penser qu’il n’y a pas une bête, mais au moins deux : elle apparaît à des endroits très différents et surtout éloignés. Mais cette hypothèse, pas plus que les autres ne se vérifie.
Depuis le meurtre de la Sabrande, il se passe près de quatre semaines sans qu’il y ait de nouvelles victimes. On se sent soulagé et les autorités pensent à alléger le dispositif de sécurité quand le drame survient.
Le 21 décembre, à quelques jours de Noël, une fillette de douze ans se trouvait dans son jardin, quand brusquement elle entend du bruit : le temps de se retourner, la bête est déjà derrière elle. Elle crie, et quand ses parents arrivent, ils trouvent, horrifiés, un corps sans vie, privé de tête. Quelques jours après, c’est une femme, âgée de quarante-cinq ans, Catherine Chastang, qui, à une cinquantaine de kilomètres de là, à Védrines Saint-Loup, a également la tête emportée. La bête n’a pas touché aux autres parties du corps.
Le 28 décembre, à Saint-Martin du Born, un frère et une sœur sont attaqués, alors qu’ils revenaient des pâturages. Le frère, armé d’un bâton, défend sa sœur, il y a aussi les vaches qui se mettent de la partie pour faire repartir la bête.
Si ces drames ensanglantent la région, certains individus cherchent à exploiter la situation en leur faveur. C’est le cas justement de l’Eglise catholique qui va essayer de faire vibrer le sentiment religieux des populations. L’évêque de Mendes adresse, le 31 décembre 1764, une lettre aux paroisses où il évoque la colère de Dieu qui, après une longue guerre dévastatrice, envoie grêle, orages, mort de bestiaux… Et puis, il y a ce fléau qui porte la colère de Dieu sur les hommes, en leur envoyant une bête féroce, attaquant à plusieurs endroits différents, s’en prenant surtout aux enfants et aux femmes…
«La bête, c’est le Seigneur irrité qui l’a lancée contre vous !»
Cette lettre ne fait que jeter plus d’effroi dans la population, déjà fortement éprouvée par la guerre et les épizooties. Des messes sont dites pour demander pardon…
Pendant ce temps, la maréchaussée, n’arrête pas de poursuivre la bête et de promettre à celui qui la tuerait, une forte récompense. (à suivre…)
K. N.
9 juin 2009
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