Le mensonge le plus doux (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie :Ne craignant pas la sentence de mort qui sanctionne les perdants au concours du plus doux mensonge organisé pour trouver un époux à la fille du roi, un philosophe se présente et raconte le sien…
«Le Roi a fini par en conclure que j’étais doué de pouvoirs particuliers et que le mieux était de me libérer. Il m’a dit :
— Ô ghoul ! D’où viens-tu ?
— De la terre, Sire. Mais je ne suis pas un ghoul.
«Il m’a fait attribuer une maisonnette et un jardin. Le terrain du jardin ne convenait qu’à la culture de la courge. Mais ces courges avaient des dimensions inusitées sur notre planète. J’en ai ramassé une de quatre mètres de hauteur et les soldats m’ont fourni une hache pour la fendre. J’ai donné un grand coup avec cette hache qui m’a entraîné avec elle au milieu de la courge. (La courge est connue comme symbole de l’éternité dans toute la Chine antique et moderne ainsi que sur les rivages de la Méditerranée. On la trouve suspendue aux murs ou au-dessus des portes aussi bien sur la côte maghrébine que dans les fermes espagnoles, ou siciliennes, en Provence, etc. On la cultive avec soin dans les jardins du Sahara. Sans doute ce légume est-il apprécié pour la générosité de son rendement qui semble venir d’une bénédiction particulière.
Mais, sa forme se composant de deux sphères : l’une petite et l’autre grande se raccordant par une moulure qui délimite un seul espace intérieur pour le haut et le bas, est certainement à l’origine de son symbole d’union de la terre et du ciel. Comme au surplus le fruit desséché et vidé se conserve sous forme de calebasse de façon illimitée, il est naturel que son symbole ait couvert ainsi la notion d’éternité. Pour certains, il représente une schématisation du cœur.
On dit en Chine que les courges poussent dans les îles des Immortels, mais qu’elles permettent aussi de les atteindre).
Les soldats l’ont alors refermée sur moi et m’ont jeté du septième ciel.
«J’en arrive précisément, à cette heure, Sire.
Le Roi charmé de ce discours hyperbolique dont les allusions ne lui avaient pas échappé, conclut que le philosophe avait gagné la main de la Princesse.
Tiré des Contes mystérieux d’Afrique
du Nord de Jeanne Scelles-Millie
9 juin 2009
1.Contes