La nuit des loups-garous (20e partie)
Par K. Noubi
Portrait : C’est un enfant débile, à moitié idiot, qui passe son temps dans les champs, à marauder et à jouer de mauvais tours.
Au début du XVIIe siècle, dans un village du Jura, vivait un jeune garçon de treize ans, Jean Grenier.
C’est un enfant débile, à moitié idiot, qui passe son temps dans les champs, à marauder et à jouer de mauvais tours.
Au village, quand il apparaît, il est souvent pris à partie par les autres enfants.
— Hou, hou, Jean l’idiot ! Jean l’idiot !
Même les grandes personnes le taquinent parfois.
— Comme il est laid, ce garnement !
Un soir, cependant, alors qu’il revenait d’une randonnée aux bois, il se donne des allures qu’il n’avait pas. Il s’approche d’un groupe de fillettes et leur dit :
— Vous ignorez qui je suis !
Les fillettes, habituées aux simagrées de Jean, lui répondent :
— Tu es l’idiot du village !
D’autres se montrent encore plus cruelles avec lui.
— Va donc te cacher face de rat !
Mais, lui, se sentant brusquement investi d’une force soudaine, se met à crier.
— Je suis un loup-garou !
Il a crié si fort que les filles s’effrayent.
— Vous ignorez ma force, mais bientôt je vais vous prouver que vous avez eu tort de vous moquer de moi !
Il s’est mis alors à grimacer très fort, les yeux sortants de ses orbites, comme s’il allait se transformer.
— Bientôt, vous allez me payer tout ce que vous m’avez fait !
Et il s’en va. Cependant, au village, le bruit est colporté par les enfants que Jean était devenu un loup-garou. Si certaines personnes sont impressionnées, beaucoup en rient.
— Quoi, lui, ce débile, devenu un loup-garou ? Il est incapable de faire du mal à une mouche ! Le diable aurait fort à faire à l’occuper !
Dès qu’on le voit, on l’appelle.
— Viens ici, le loup-garou !
On le houspille.
— Toi, un loup-garou ? Défends-toi donc !
On le bouscule et il tombe.
— Eh, dis-moi qui t’a donné le pouvoir de te transformer en loup-garou ?
Il se relève. C’est alors que les jeunes garçons de son âge le prennent à partie.
— Il est plus facile d’effrayer des fillettes !
On le bat, on le poursuit, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les bois.
— C’est là où tu dois vivre, demi-portion d’homme !
Cependant, Jean, éperdu, se tapit dans les bois. Il va rester là, toute la nuit et, quand il se réveille, c’est un autre homme. Ainsi qu’il le racontera plus tard dans sa déposition, il se sent investi d’une force nouvelle (à suivre…)
K. N.
9 juin 2009
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