6.La nuit des loups-garous (6e partie)

Cela s’est passe un jour / Aventures, drames et passions celebres

La nuit des loups-garous (6e partie)

Par K. Noubi

Résumé de la 5e partie : Un homme disparu depuis plusieurs années, et que l’on croyait mort, réapparaît brusquement, à la fête du village.

Vous voulez vraiment tout savoir ?
— Oui…
— Eh bien, je suis le loup-garou !
Les hommes et les femmes présents reculent, instinctivement.
— Vous êtes horrifiés, n’est-ce pas ? Eh bien, je l’étais plus que vous, quand la chose m’est arrivée !
Le moment de surprise passée, on se rapproche de nouveau de lui.
— Comment cela a-t-il pu arriver ? lui demande-t-on
— J’ai été victime d’un charme…
Et le vieil homme de raconter son étrange histoire.
«Je venais de me fiancer avec Maria, et je ne pensais qu’à l’épouser tellement je l’aimais. Mais je ne savais pas qu’une autre femme me convoitait. Une femme que j’ai connue mais que j’ai délaissée… Or, elle était sorcière et avait pactisé avec le Diable qui lui fournissait ses sortilèges et ses onguents. Ayant appris mes fiançailles, elle a essayé, par tous les moyens, de me détourner de Maria, mais mon amour pour ma bien-aimée était plus fort que ses charmes, et ayant compris que j’étais perdu pour elle, elle a juré de ruiner ma vie et celle de ma fiancée… Le jour même où la fête devait se dérouler au village, il y a cinquante ans, je revenais de la ville, chargé de cadeaux pour ma fiancée, elle m’attendait, cachée derrière un arbre. Dès que je fus à sa portée, elle s’est découverte : elle a saisi une peau de loup et l’a jetée sur mes épaules. «Sois maudit, a-t-elle crié, deviens loup-garou !»
Elle a aussitôt disparu, et moi, ne comprenant pas ce qui se passait, je me secouais, pour faire tomber la peau. Mais c’était trop tard : le charme avait opéré !»
Le vieux s’arrête, comme pour reprendre son souffle, puis continue :
— J’ai regardé autour de moi. Tout me semblait normal. Les arbres étaient à leur place, les oiseaux gazouillaient, les branches craquaient sous l’effet de la brise qui soufflait doucement. C’est alors que j’ai senti comme un tiraillement : mes jambes et mes bras se sont mis à s’allonger, mon corps se couvrait de poils… Mon visage s’est mis à augmenter de volume, puis à s’agrandir. J’ai voulu crier, mais c’est un hurlement de bête sauvage qui est sorti de ma gorge. J’ai alors compris ce qui m’arrivait : je me transformais en loup-garou ! je me suis caché dans les bois jusqu’à la tombée de la nuit, puis voulant, malgré mon état récupérer ma fiancée, je me suis rendu au village où j’ai enlevé Maria…
Quelqu’un demande timidement.
— Qu’est devenue la malheureuse ?
— J’ai voulu vivre avec elle mais elle n’a pas supporté mon état. Elle est morte une année après, me laissant seul. Fou de douleur, je me suis mis à écumer les forêts et les sentiers, tuant et dévorant tous ceux que je croisais… il y a quelques mois, j’ai retrouvé ma forme humaine. J’ai alors compris que ma fin approchait. J’ai décidé de retourner revoir le village où je suis né…»
Il n’a pas fini de parler que son corps s’allonge et se couvre de poils. A la place du vieil homme se tient un grand loup, qui fait un bond gigantesque et disparaît dans la forêt. (à suivre…)

K. N.