Fantômes à l’hôpital (2e partie)
Résumé de la 1re partie: Marguerite Villon sur son lit d’hôpital a eu une brève discussion avec l’animatrice de la télévision, Cécile Dumont, morte depuis une semaine.
La surveillante de l’étage apparaît bientôt, avec une expression contrariée. Le thermomètre de Marguerite révèle qu’elle fait un petit 37° 8, ce qui est tout à fait normal étant donné son état :
— Vous dites que vous avez vu Cécile Dumont ? Mon Dieu ! Vous étiez au courant ?
— Au courant de quoi ?
— Eh bien, en effet, nous avons eu Cécile Dumont dans notre service. Jusqu’à mardi dernier. Elle était dans cette chambre. Malheureusement son état était déjà trop critique. Elle nous a quittés.
— Vous voulez dire qu’elle est morte dans ce lit il y a quelques jours ?
— Euh… Oui, c’est pourquoi cela semble très étrange que vous l’ayez vue et qu’elle vous ait parlé.
Le professeur Hébrard est très intéressé par le récit de ces événements. Il n’en tire aucune conclusion quant à l’état de santé de Marguerite Villon. Mais, dans l’après-midi, l’aumônier de l’hôpital vient rendre visite à Marguerite pour parler de cette apparition bizarre. Et il lui demande soudain :
— Verriez-vous un inconvénient à ce que je procède à une bénédiction de la chambre ? J’ai demandé au professeur Hébrard de faire de même pour tout le service. Puis je dirai une prière pour le repos de l’âme de Cécile Dumont. Je sais qu’elle était farouchement agnostique, mais puisqu’elle dit avoir été dans l’erreur… Je ne vous demande pas de réciter une prière. Vous devez vous reposer. Mais si vous vous joignez à moi, simplement par l’intention, cela sera déjà beaucoup.
Marguerite se sent soudain prise de panique :
— Mon père ! Vous ne pensez pas que Cécile Dumont est venue pour me prévenir que, moi aussi, j’allais bientôt la rejoindre ?
— Je ne le pense vraiment pas !
Marguerite, malgré ses soixante-cinq ans, possède un sens de l’humour intact. Elle dit :
— j’adore les émissions de Cécile Dumont mais je n’ai aucune envie de poser ma candidature pour y participer dans l’autre monde.
L’abbé prend congé de Marguerite en réfléchissant à haute voix :
— Il faut que j’en parle à l’évêque. Toutes ces histoires de fantômes, ça commence à bien faire…
La dernière phrase de l’aumônier intrigue Marguerite :
—… toutes ces histoires de fantômes…
Cela veut-il dire qu’il s’est passé autre chose dans le service ? La surveillante qui s’est prise d’amitié pour Marguerite lui avoue, la veille de son départ :
— Eh bien oui, maintenant que vous êtes tirée d’affaire, je peux bien vous le confier. Nous avons eu dernièrement une autre «histoire de fantôme». La patiente qui était avant vous, justement dans votre lit, s’est réveillée un matin avec une forte poussée de fièvre. Le professeur Hébrard a demandé des analyses de sang. Tout était normal, vu sa maladie. Enfin elle a fini par nous dire : «Je suis agitée parce que j’ai fait un cauchemar. Je suis en train d’attendre dans une longue file de malades. Nous portons tous les chemises de l’hôpital boutonnées dans le dos… Et nous attendons devant une porte impressionnante. Un peu comme les portes des ascenseurs d’ici. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
8 juin 2009
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