Hantises (38e partie)

Hantises (38e partie)
Par K. Noubi

Résumé de la 37e partie : Mohammed, sa femme et son fils se sont rendus au village pour lancer les travaux de construction de leur future maison…

— Couper le vieil olivier ! s’exclame Kaci.
— Bien sûr, dit Mohammed, puisqu’il va gêner !
— Mais cet olivier fait partie de notre patrimoine familier ! Il a vu naître nos pères et les pères de nos pères, c’est à son tronc que se faisaient les délibérations, que se prenaient les décisions les plus importantes !
— Et alors ? Il ne sert plus à rien aujourd’hui !
— Mais il a gardé une grande valeur sentimentale ! L’esprit de nos ancêtres tourne toujours autour de lui !
Mohammed hausse les épaules.
— Ce ne sont là que des fadaises !
— Quand nous avions fait le partage de l’héritage, nous nous étions mis d’accord pour garder cet olivier comme relique !
— Je ne m’en souviens pas !
Kaci se met en colère.
— Tu ne veux pas te le rappeler !
Il se calme aussitôt et change de ton.
— Et puis, tu sais, l’olivier est toujours productif ! bon an, mal an, il donne plusieurs quintaux d’olives et son huile est des meilleures qui soit !
Mohammed regarde son frère de travers.
— Ça, tu peux le dire, puisque c’est toi qui l’exploites ! Moi, je n’ai pas goûté à son huile depuis de longues années !
Kaci lui retourne le reproche.
— C’est parce que tu ne viens jamais !
— Tu aurais pu m’envoyer, de temps à autre, un bidon…
— Il fallait venir, dit Kaci, aurais-tu tout abandonné !
— Ce ne sera plus le cas, désormais, dit Mohammed, je vais construire ma propre maison et, à la retraite, revenir habiter ici !
— Tu seras le bienvenu, dit Kaci.
— Et cet olivier qui gêne doit disparaître !
— Ainsi, tu es décidé à l’abattre ?
— Je veux bien le laisser et te laisser le terrain, si tu veux, si tu peux me le remplacer par un terrain équivalent !
— Je l’aurais fait si j’en avais !
— Toi, tu as construit ta maison ?
— Oui, dit Kaci.
— Alors, s’il te plaît, laisse-moi construire la mienne !
Kaci hoche la tête.
— C’est ta décision, je la respecte, mais crois bien que je regrette de voir disparaître cette relique de notre famille ! (à suivre…)

K. N.