CELA S’EST PASSE UN JOUR/Aventures, drames et passions celebres
L’affaire Cora Crippen (5e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 4e partie :M. Crippen annonce aux amis de sa femme qu’elle est morte en Amérique. Les amis, qui trouvent les réactions de l’homme étranges, en informent la police.
Le commissaire Dew regarde Crippen avec curiosité. Il a l’impression que cet homme va lui faire une confidence ou plutôt une révélation importante.
— J’ai annoncé aux amis de ma femme qu’elle est morte d’une pneumonie, en Californie…
— J’allais justement vous parler de ce décès…
— Un décès qui vous paraît suspect, n’est-ce pas ?
— Je vous avoue que oui…
Crippen ajuste ses grosses lunettes, pointe ses gros yeux globuleux sur le commissaire, et déclare tout de go :
— Eh bien, j’ai menti : Cora n’est pas morte ! Au contraire, elle est vivante et bien vivante !
— Mais alors ?
Le médecin se dresse.
— Vous voulez que je raconte à tout le monde que ma femme m’a quitté pour un autre homme ? Un Américain avec qui elle est rentrée au pays ?
— C’était donc ça, dit le commissaire Dew.
Crippen a les larmes aux yeux.
— Vous savez, monsieur, j’ai aimé Cora, comme jamais un homme n’a aimé une femme. Elle avait dix-neuf ans quand je l’ai connue, elle était merveilleusement belle et je suis tombé follement amoureux d’elle. J’étais prêt à tout faire pour elle. Elle se croyait des dons d’artiste : je lui ai payé des cours de chant et d’art dramatique. Elle a voulu aller en Europe où elle croyait trouver les meilleurs maîtres, j’ai fait transférer mon cabinet à Londres… Je lui faisais ses quatre volontés, j’étais comme son chien, toujours à ses ordres ! Et comment croyez-vous qu’elle me récompensait ? en me trompant ! Elle recevait les hommes à la maison. Je me fâchais, elle minaudait et aussitôt ma colère tombait, mais à la première occasion, elle me trompait de nouveau !
Dew a pitié de cet homme qui étale ainsi sa vie devant lui.
— Vous avez fini par en avoir assez d’elle ?
— Non, c’est elle qui en a eu assez de moi… Un beau matin, elle est partie… avec un américain, je vous dis !
— Et vous vous êtes vengé en prenant une maîtresse ?
— Vous n’auriez pas fait la même chose à ma place ?
Il se lève pour partir.
— Je crois que je n’ai plus de questions à vous poser !
— Je suis à votre disposition pour répondre à toutes les questions, commissaire !
— Si j’ai encore besoin de vous, je passerai vous voir !
En fait, le commissaire pense que le dossier Cora Crippen, à peine ouvert, est déjà clos. Il fera, les jours suivants son rapport et il classera l’affaire.
Par acquis de conscience, il fait quand même une petite enquête auprès des connaissances de Cora, et il confirme tout ce que Crippen lui a dit : c’est effectivement une femme volage qui ne ratait pas l’occasion d’humilier son époux (à suivre…)
K. N.
7 juin 2009
Non classé