La fauvette qui saute et qui chante (5e partie et fin)
Résumé de la 4e partie : La sœur cadette troqua sa robe de soleil contre une nuit avec le fiancé, son désir lui fut accordé, mais…
Tristement, elle quitta le château et s’en fut dans un pré, où elle se laissa tomber à terre et pleura. Au milieu de ses larmes, elle songea soudain à l’œuf que lui avait donné la lune : elle le cassa pour l’ouvrir, et il en sortit une poule avec douze poussins qui étaient d’or, d’or vivants, et qui couraient et sautillaient et picoraient et pépiaient, tournant autour de la mère poule ou se glissant par-dessous pour se cacher sous ses ailes : y a-t-il quelque chose de plus joli à voir, cela n’existe pas ! Séchant ses larmes, elle se leva et les poussa doucement devant elle, dans le pré, afin de les amener jusque sous les fenêtres de la fiancée, qui en fut si charmée qu’elle descendit aussitôt et lui demanda s’ils ne seraient pas à vendre.
— Ni pour or, ni pour argent, mais chair et sang en sont le prix. Laissez-moi passer encore une nuit dans la chambre où dort le fiancé, dit-elle.
— Oui, je veux bien, répondit aussitôt la fiancée, qui comptait bien utiliser le même subterfuge que la veille. Mais cette fois le prince, en allant se coucher, demanda à son serviteur quels étaient ces murmures et ces bruissements qu’il avait entendus dans la nuit ; et le serviteur lui raconta comment il avait dû lui administrer un somnifère parce qu’une pauvre demoiselle avait secrètement dormi dans sa chambre, et il ajouta que ce soir encore, il devait lui faire absorber le narcotique.
— Tu n’auras qu’à le verser à côté du lit, lui dit le prince.
La nuit venue, on la réintroduisit dans la chambre ; mais il reconnut sa voix dès qu’elle commença à vouloir lui conter combien les choses étaient tristes pour elle, et il sauta sur ses pieds en s’exclamant, à l’adresse de son épouse adorée :
— C’est maintenant seulement que je suis délivré ! Je vivais comme dans un étrange rêve, car cette princesse inconnue m’avait ensorcelé afin que je t’oublie ; mais Dieu m’a quand même arraché au bon moment à cet égarement de l’esprit et des sens !
Tous les deux, en cachette, dans la nuit, se glissèrent, hors du château et s’éloignèrent ensemble, car ils avaient à redouter le père de la princesse qui était un sorcier. Ils se mirent sur le dos de l’oiseau-griffon qui les enleva au-dessus de la mer Rouge, et lorsqu’ils furent au beau milieu de la mer, elle laissa tomber la noix. Un énorme noyer poussa aussitôt, sur lequel le griffon se reposa, après quoi il les porta d’un coup d’aile jusque chez eux, où ils retrouvèrent leur enfant, un grand et beau garçon maintenant ; et depuis lors, ils vivent heureux.
7 juin 2009
1.Contes