La fauvette qui saute et qui chante (4e partie)
Résumé de la 3e partie : La sœur cadette doit aller jusqu’à la mer Rouge pour sauver son mari qui se bat avec un dragon.
Elle se rendit là-bas et y trouva toutes les choses comme le lui avait dit le vent de la nuit. Elle compta les roseaux de la mer et coupa le onzième avec lequel elle frappa le dragon ; et le lion triompha. Les deux animaux reprirent instantanément leur forme humaine. Mais dès que la princesse transformée en dragon, se trouva délivrée de l’enchantement, elle serra le jeune prince dans ses bras et sauta avec lui sur le dos de l’oiseau-griffon qui prit son envol et les emporta tous les deux. Et la malheureuse qui avait tant voyagé et si loin, se trouva là, toute seule et abandonnée à nouveau ; alors elle se laissa tomber par terre et pleura. Mais après ce premier moment de désespoir et de lassitude, elle reprit tout son courage et dit : «Tant que le coq chantera, et aussi loin que soufflera le vent, j’irai et je le trouverai.»
Ainsi elle marcha et parcourut un long chemin, un chemin immensément long, jusqu’au jour qui l’amena enfin au château où ils vivaient tous les deux : celle qui avait été dragon et celui qui avait été lion. Et la première chose qu’elle entendit, c’est qu’il allait y avoir une grande fête au château, parce que le prince et la princesse célébraient leurs noces.
— Que Dieu m’assiste encore et vienne à mon secours ! s’exclama-t-elle en apprenant la chose.
Elle ouvrit alors le coffret que le soleil lui avait donné et elle y trouva une robe aussi belle et aussi brillante que le soleil même. Elle prit la robe et s’en revêtit pour monter ensuite au château, émerveillant tout le monde sur son passage, et la fiancée elle-même, à qui cette robe plut tellement qu’elle songea aussitôt à la porter comme robe nuptiale.
— Ne consentiriez-vous pas à la vendre ? demanda-t-elle ;
— Ni pour or ni pour argent, fut la réponse, mais chair et sang en sont le prix.
La fiancée voulut savoir ce que signifiaient ces paroles et ce qu’elle entendait par là.
— Que je puisse une nuit dormir dans la chambre où dort le fiancé, répondit la jeune femme.
La fiancée ne voulait pas de cela, mais elle voulait pourtant tellement la robe qu’elle finit par consentir, non toutefois sans obliger le serviteur, personnel du prince, à lui administrer un puissant somnifère. La nuit venue, quand le prince fut endormi, elle fut introduite dans sa chambre ; une fois seule avec lui, elle vint s’asseoir près de son lit et lui parla.
— Pendant sept ans, je t’ai suivi partout ; je suis allée chez le soleil et chez la lune ainsi que chez les quatre vents me renseigner sur toi ; et le dragon je t’ai aidé à le vaincre, lui dit-elle.
— Peux-tu vouloir m’oublier complètement ?
Mais le sommeil du prince était si profond qu’il lui sembla seulement entendre le bruissement du vent dehors, dans les sapins. (à suivre…)
7 juin 2009
1.Contes