Histoires vraies
La maison déchirée (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie :Armelle est maintenant persuadée que son fils possède un don «phénoménal», mais elle se demande ce que pourrait lui apporter ceci à l’avenir ?
Armelle décide de tenter sa chance et s’offre un Vatoo. Jolie surprise : est-ce la chance des débutants ? En tout cas, elle empoche cinq cents francs séance tenante.
«Eh bien voilà ! Avec ces cinq cents francs, je vais pouvoir acheter le jouet de Baudouin. Après tout, ce n’est que justice. C’est lui qui a eu l’idée. Même si c’est en dormant !»
Désormais, cela ne fait plus aucun doute pour Armelle, ou pour papy et mamy mis au courant : Baudouin a «le don». Que faut-il en faire ? On avisera plus tard. Pour l’instant, on se borne à constater en essayant de ne pas transformer Baudouin en «Gamin Soleil».
Mais le plus étonnant reste à venir.
Un jour de janvier 1996, Armelle est au volant de sa voiture, sur l’autoroute. Baudouin, son nounours dans une main, un camion de pompiers dans l’autre, est solidement attaché dans son siège d’enfant, sur la banquette arrière.
— Maman, mon camion est tombé par terre. Je n’arrive pas à le ramasser !
Attends, je vais voir si je peux l’attraper en passant la main entre les sièges !
Mais Armelle ne parvient pas à récupérer le camion rouge.
Baudouin, sans hésiter, a décroché sa ceinture de sécurité et il s’est laissé glisser sur le soI :
— Rattache ta ceinture tout de suite, Baudouin !
— J’y arrive pas !
— On est presque arrivés. Ce n’est pas grave !
— Mais si, c’est grave ! La meilleure preuve, c’est que Baudouin se met à hurler :
— Maman, vite, rattache ma ceinture ! Rattache ma ceinture !
Armelle jette un coup d’œil dans le rétroviseur. Baudouin a changé de visage ! Il est tout pâle. Comme sous le coup d’une terreur panique. Ses yeux sont même un peu révulsés. Qu’est-ce qui lui arrive ?
Armelle met son clignotant et freine en catastrophe sur la bande d’arrêt d’urgence. Après un coup d’œil au rétroviseur extérieur, elle saute à terre et ouvre la portière arrière. En une minute, elle a raccroché la ceinture de sécurité un petit bonhomme qui reprend soudain des couleurs et dit avec un soupir de soulagement :
— Merci, maman : tu m’as sauvé la vie !
Armelle l’embrasse en se demandant si son fils n’aurait pas une légère tendance au mélodrame
— Bon, on arrive, tout va bien.
Armelle reprend le volant. Encore cinq cents mètres d’autoroute. Puis elle parvient à un rond-point. Soudain, un véhicule double sa voiture et s’apprête à lui brûler la politesse pour s’engager sur le rond-point. Le conducteur n’a pas vu qu’un camion, fort de sa priorité, y était déjà engagé. Il freine à mort. Armelle, heureusement, a vu ce qui allait se passer. Elle aussi fait crisser ses pneus sur le macadam. Ouf ! Elle s’arrête trente centimètres à peine du pare-chocs arrière de l’autre. Baudouin s’est trouvé projeté en avant. Heureusement, la ceinture de sécurité a évité qu’il ne soit projeté à travers le pare-brise.
Alors ? Don de voyance ou simple coïncidence ?
D’après Pierre Bellemare
7 juin 2009
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