La fauvette qui saute et qui chante (3e partie)
Résumé de la 2e partie: L’époux de la cadette fut transformé en colombe. Il est condamné à rester sous cette forme durant 7 ans. Du haut du ciel, il lui envoie des signes pour guider son épouse dans sa recherche.
Alors l’oiseau s’envola par la porte et elle le suivit, et tous les sept pas il tombait une goutte rouge de sang et une plume blanche qui lui montraient le chemin. Elle alla ainsi toujours plus loin et plus loin encore dans le vaste monde, sans voir ni regarder jamais rien autour d’elle, sans jamais prendre de repos ; et les sept ans eurent tôt fait de passer, pas tout à fait, mais presque, et déjà elle se réjouissait en pensant que la délivrance était proche, alors qu’elle en était bien loin encore ! Oui, bien loin, car une fois, il n’y eut plus de petite plume qui tomba devant elle, ni la moindre petite goutte rouge de sang.
Elle leva les yeux, mais la colombe avait disparu. Que faire ? «Les hommes, pensa-t-elle, ne peuvent m’être d’aucun secours en pareille circonstance. Alors, elle monta jusqu’au soleil et lui dit :
— Toi qui déverses tes rayons sur les pics les plus hauts comme dans les plus creux vallons, n’as-tu pas vu une colombe blanche qui volait ?
— Non, répondit le soleil, je n’ai rien vu de ce genre ; mais je vais te donner un petit coffret, que tu ouvriras quand tu seras en grand péril.
Elle remercia le soleil et s’en alla, marchant jusqu’au moment où apparut la lune, qu’elle s’en fut questionner
— Toi qui brilles toute la nuit durant sur les champs et sur les forêts, n’as-tu pas aperçu une colombe blanche qui volait ?
— Non, répondit la lune, je n’en ai vu aucune ; mais je vais te donner un œuf, que tu casseras si jamais tu te trouves en grand péril. Elle remercia la lune et s’en alla plus loin, où elle rencontra le vent de la nuit qui s’était mis à souffler, et elle l’interrogea
— Toi qui souffles sur tous les bois et par-dessous toutes les feuilles, n’as-tu pas aperçu une colombe blanche qui volait ?
— Moi je n’en ai pas vu, répondit le vent nocturne, mais je vais demander aux trois autres vents si, peut-être, ils l’ont aperçue.
Le vent d’est et le vent d’ouest arrivèrent, mais ils n’avaient rien vu ; en revanche, le vent du sud avait quelque chose à dire
— La colombe blanche, oui, je l’ai vue qui volait : elle est allée jusqu’à la mer Rouge où elle est devenue un lion, maintenant que les sept ans sont passés ; et ce lion se bat avec un dragon, qui est lui-même une princesse enchantée.
— Je vais te donner un bon conseil, lui dit alors le vent de la nuit. Tu vas aller jusqu’à la mer Rouge où tu verras, sur le rivage de droite, de grands roseaux ; ces roseaux, tu les compteras, et le onzième, tu le couperas pour en frapper le dragon, ce qui permettra au lion de le vaincre. Alors ils reprendront tous les deux leur vraie forme humaine. A ce moment, tu chercheras des yeux autour de toi et tu verras l’oiseau-griffon : c’est là-bas qu’il se tient, au bord de la mer Rouge ; tu monteras sur son dos avec ton bien-aimé, car l’oiseau vous ramènera tous les deux par-dessus la mer Rouge jusque chez vous. Et voici une noix que tu devras jeter quand vous serez au milieu de la mer, car elle va croître aussitôt et donner un immense noyer qui sortira de l’eau ; c’est là que le griffon viendra se reposer ; parce que s’il ne pouvait pas se reposer, il n’aurait pas la force de vous porter sur toute la distance ; et si tu oubliais de lancer la noix, il vous laisserait tomber à la mer. (à suivre…)
7 juin 2009
1.Contes