La fauvette qui saute et qui chante (2e partie)
Résumé de la 1re partie : La cadette s’est montrée courageuse et s’en va à la rencontre du lion. elle promet à son père de revenir, après avoir affronté le fauve…
Quant au lion, la vérité est qu’il avait été enchanté, ainsi que tous les siens, et qu’il était un prince, ne devenant lion que le jour pour retrouver sa forme humaine la nuit. Et tous les siens, de même, étaient des lions le jour, mais des hommes la nuit. Parvenue au château, la cadette y reçut bon accueil ; et quand la nuit fut venue, elle connut le prince qui était fort bel homme, et leurs noces furent célébrées en grande pompe. Ils s’aimaient et se plaisaient beaucoup l’un avec l’autre, dormant le jour et veillant la nuit.
Le temps passa, puis vint une fois que le prince lui dit : « Demain on donne une grande fête dans la maison de ton père pour le mariage de ta sœur aînée ; s’il te plaît de t’y rendre, mes lions te feront escorte. Elle accepta, tout heureuse de revoir son père, et elle y alla avec les lions qui l’accompagnèrent.
Ce fut la plus grande joie à son arrivée, car ils avaient tous cru que le fauve l’avait déchirée, et ils la croyaient morte et dévorée depuis longtemps. A son tour, elle leur raconta quel bel homme était le prince et combien elle était heureuse de l’avoir comme époux, les assurant que tout allait au mieux pour elle ; tout le temps qu’on fêta les noces de sa sœur, elle resta avec eux ; ensuite, elle repartit pour aller vivre au cœur de la forêt.
Lorsqu’elle sut que sa deuxième sœur allait se marier et qu’elle était invitée à ses noces, elle dit à son lion : «Cette fois-ci, je n’irai pas seule ; il faut que tu viennes avec moi. Mais le lion s’en défendit, déclarant que c’était trop risqué pour lui, car si jamais le moindre rayon de lumière venait à le toucher là-bas, il serait changé en colombe pour sept ans et s’en irait voler avec les autres oiseaux de cette race.
— Oh ! Insista-t-elle, viens quand même avec moi : je saurai bien veiller à ce qu’aucune lumière ne te touche !
Ils partirent donc ensemble et prirent encore avec eux leur petit enfant. Là-bas, elle fit murer une pièce en redoublant l’épaisseur et la solidité des cloisons pour être bien sûre que nul rayon n’y pût passer ; ainsi, quand on allumerait les flambeaux de la noce, il n’aurait qu’à s’y enfermer et il ne courrait aucun risque. Seulement, la porte avait été faite de bois trop frais et il s’y fit, à l’insu de tous, une imperceptible fente que nul ne vit ; et lorsque le brillant cortège revint de l’église avec tous ses flambeaux et ses lanternes, il défila devant la porte et un fil de lumière pas plus gros qu’un cheveu toucha le prince, qui fut à l’instant même transformé.
Quand elle revint dans la pièce murée, elle le chercha mais ne le trouva point : il n’y avait là qu’une colombe blanche qui se tenait à la place du prince. Et la colombe lui parla
— Il faut que pendant sept ans je vole d’un bout à l’autre du monde ; mais pour t’indiquer le chemin, je vais laisser tomber tous les sept pas une goutte rouge de sang et une blanche plume. Si tu suis cette trace, tu pourras me délivrer. (à suivre…)
7 juin 2009
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