Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Les époux de la baignoire fatale (15e partie et fin)
Par K. Noubi
Résumé de la 14e partie : Une troisième affaire de femme noyée dans sa baignoire éclate. L’homme, qui a ainsi «perdu sa femme», en 1912, se fait appeler William, mais on apprend vite qu’il s’agit de Smith.
Spilsbury fait donc une troisième autopsie. Il constate les symptômes de la noyade, mais ne relève pas de traces de violence. Comme pour les deux autres affaires, il fait transporter la baignoire au commissariat de Kentishtown.
Le pathologiste se rend chaque jour au commissariat pour étudier les baignoires et méditer sur le fait que Smith ait tué trois femmes sans laisser sur elles la moindre trace de violence.
Dans le cas de Bessie William, la baignoire ne mesure que 1,50m, avec 1 m de fond, alors que la victime mesure 1,70m. Dans le cas d’une crise d’épilepsie, le corps s’étire en se raidissant, il est donc impossible à un corps de la taille de la victime et des dimensions de la baignoire que la tête se soit trouvée sous l’eau. Bien au contraire, elle devait être projetée hors de la baignoire. Dans la seconde phase de l’attaque, les membres se contractent puis se décontractent, l’eau ne pouvait submerger le corps. A la fin de la crise, le patient perd partiellement conscience, c’est là où Bessie pouvait glisser dans l’eau, mais pour cela il aurait fallu que la baignoire soit plus grande qu’elle ! Or, dans son rapport, le docteur French, qui a examiné Bessie, a indiqué qu’il avait trouvé la victime la tête sous l’eau ! C’est alors que Spilsbury comprend ce qui s’est passé : Smith se place au pied de la baignoire, fait semblant de taquiner sa femme, puis saisissant les pieds, les soulève dans un mouvement brusque, de telle sorte à submerger la tête de la victime. L’eau pénétrant brusquement par la bouche et le nez provoque une perte de conscience et la noyade. Voilà qui explique l’absence de violence sur le corps des victimes !
Spilsbury transmet aussitôt sa découverte au commissaire Neil. Celui-ci engage immédiatement des nageuses de la même taille et de la même corpulence que les victimes de Smith et, utilisant les baignoires dans lesquelles se sont noyées les trois femmes, entreprend d’étudier les positions du corps dans les baignoires.
A un moment donné, il veut soumettre à l’expérience l’hypothèse de Neil : il saisit les pieds d’une nageuse et les tire brusquement vers lui, immergeant la tête. Le commissaire, épouvanté, s’aperçoit que la nageuse ne bouge plus. Il la fait retirer aussitôt de l’eau et heureusement qu’un médecin, présent sur les lieux, parvient à la ranimer à temps. Ainsi, Spilsbury a raison : Smith tuait ses femmes en les tirant par les pieds !
Au cours du procès, devant les assises d’Old-Bailey, on découvre que l’homme, dont le véritable nom est George Joseph Smith, né en 1872, est le fils d’un agent d’assurances. Il a passé une partie de sa jeunesse dans les prisons, pour vols et escroqueries. Ses victimes favorites étaient les femmes qu’il délestait de leurs économies avant de les abandonner. La malheureuse Bessie était la première femme qu’il assassinait, puis trouvant le moyen commode, il s’en est pris aux autres. Il prenait le soin d’opérer dans des villes différentes. Mais sa façon de s’intéresser aux baignoires, instrument de ses forfaits, avait fini par attirer l’attention sur lui.
Les délibérations durent à peine vingt minutes. Les jurés reviennent avec un verdict : coupable. Smith est condamné à la pendaison. Les nombreuses femmes venues assister au procès ont applaudi à la lecture du verdict.
K. N.
7 juin 2009
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