Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions célèbres
Les époux de la baignoire fatale (13e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 12e partie :Smith Lloyd est arrêté mais seulement pour faux et usage de faux. Il faut prouver qu’il est la cause du décès de ses deux épouses successives..
Le 4 février 1915, on procède à l’exhumation de Margaret Elizabeth Lloyd, au cimetière d’Islington. Bernard Spilsbury est présent, puisque c’est lui qui doit procéder à l’autopsie. Il s’agit de savoir si la jeune femme est morte accidentellement ou si on avait provoqué sa noyade.
On savait, à l’époque, reconnaître les signes de la noyade : écume sur la bouche et autour du nez, chair de poule, gonflement des poumons, parfois, épanchements sanguins sous la plèvre, sans doute à la suite de l’éclatement d’alvéoles pulmonaires…
En plus de ces symptômes, les médecins légistes en relèvent trois qui semblent décisifs pour établir une mort par noyade. Le premier est que l’eau ou d’autres liquides entrent dans les poumons et parviennent jusqu’au ventricule gauche du cœur où ils s’arrêtent, la mort provoquant l’arrêt de la circulation sanguine. C’est aussi la preuve, si le phénomène est constaté, que la victime était vivante au moment de la noyade, puisque le cœur battait. Le second symptôme est que les eaux retrouvées dans les poumons contiennent des organismes microscopiques, des algues. On savait aussi que ces organismes peuvent se retrouver dans les poumons de personnes mortes avant la noyade, mais dans ce cas-là, ils n’atteignent jamais les extrémités des bronches. Ainsi, si on trouve des algues dans les extrémités des bronches, cela signifie que la victime était vivante au moment de l’immersion. Enfin, sous l’effet de l’étouffement et de la toux, de l’air pénètre dans l’eau qui pénètre dans l’estomac. On a remarqué que si la victime était vivante au moment de l’immersion, l’eau atteint le gros estomac, jamais si elle était morte auparavant.
Tous ces symptômes peuvent affirmer avec certitude si la victime était vivante ou non au moment de l’immersion, mais on ne pouvait déterminer si la noyade était accidentelle ou si elle avait été provoquée. On pouvait seulement chercher sur le corps des traces de violence, parce que la victime se débattant, le meurtrier est obligée de la maintenir avec force, ses mains laissant des traces sur le corps.
Spilsbury retrouve bien sur le bras d’Elizabeth Lloyd une meurtrissure que le docteur Bates, qui a consulté la mort de la victime, a déjà relevée, mais elle est insignifiante. Il relève deux petites taches injectées de sang sur le bras gauche mais elles sont si petites qu’on ne peut les voir à l’œil nu. Le pathologiste cherche, mais en vain, des symptômes de maladie qui auraient pu causer un malaise. Les symptômes de la noyade sont très visibles, ce qui veut dire que la mort est survenue très brusquement. Autre énigme : la baignoire étant très petite, comment pouvait-on noyer la victime, sans laisser de traces de violence sur son corps ?
Spilsbury ayant fini l’autopsie fait retourner le corps au cimetière, mais il demande au commissaire de faire transporter la baignoire où la jeune femme est morte au commissariat pour mieux l’étudier.
L’autopsie s’était déroulée dans le plus grand secret mais des indiscrétions la révèlent à la presse qui en parle abondamment. L’Angleterre est en guerre, mais le public se passionne pour l’affaire que l’on appelle désormais «les épouses de la baignoire fatale». Une affaire qui n’a pas fini de faire des remous ! (à suivre…)
K. N.
7 juin 2009
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