Hantises (24e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 23e partie : Hamid passe sa première nuit au service des urgences. Tout le monde dort, sauf lui.
Il a donné à boire à une femme puis il est retourné dans son lit. La jeune femme, qui se plaignait, il y a un moment, s’est de nouveau endormie. Lui se tourne et se retourne dans son lit, sans trouver le sommeil.
Il est de nouveau intrigué par la vieille qui a fait un accident cérébral et qui lui a parlé : en principe, une personne dans le coma ne parle plus. Du fait qu’elle ait parlé, peut-être va-t-elle reprendre connaissance. En tout cas, il se promet, dès le lendemain, d’en parler au médecin ou à l’infirmière.
La dernière infirmière qui a fait sa ronde a fermé la porte de la salle. Il lutte avec le sommeil qui commence à le gagner quand il entend la poignée de la porte.
«Ah, se dit-il, c’est une infirmière !»
Il se dresse sur son séant, prêt à lui raconter ce qui s’est passé. Mais ce n’est pas une infirmière. C’est un homme et, à son pyjama, à ses pantoufles et à son pas traînant, il a l’air d’un patient.
Un malade de la salle qui s’est levé pour aller aux toilettes et qui revient ? Hamid parcourt du regard la salle et remarque qu’il ne manque personne. Il y a juste un lit vide… alors un malade des chambres de l’étage qui s’est égaré ?
L’homme, dont le visage paraît porter une indicible souffrance, s’approche du lit vide. Il s’assoit sur le rebord et, doucement, comme s’il ne voulait pas réveiller les malades, il ouvre le tiroir de la table de nuit. Hamid le voit tirer une sorte de portefeuille, l’ouvrir et le regarder pendant un long moment.
«Mais que fait-il ?»
L’homme remet en place le portefeuille, fouille un moment dans le tiroir, puis se dirige vers l’armoire où les malades rangent leurs effets. Il cherche un long moment, puis tire un sac, qu’il se met à fouiller.
Hamid, inquiet, se demande si l’homme n’est pas un voleur qui profite du sommeil des malades pour leur dérober leurs effets. Mais l’homme remet le sac à sa place et ferme le placard.
Hamid veut lui parler, lui demander ce qu’il fait là et qui il est. Il hésite, puis à voix basse lance :
— Monsieur
Comme l’homme ne répond pas, il élève la voix.
— El-Hadj !
L’homme a dû sûrement l’entendre puisque Ali, son compagnon, a bougé.
— El-Hadj, que cherches-tu ? Je peux, peut-être, t’aider !
Mais l’homme ne répond pas. Il est retourné au lit, d’une main fugace a lissé les draps, comme s’il s’apprêtait à dormir, puis il s’est relevé pour gagner la sortie avec la même démarche fatiguée et le même pas traînant. Avant de sortir, il s’est penché sur le lit de la vieille plongée dans le coma.
«el-Hadj !»
Mais l’homme a ouvert la porte, l’a fermée derrière lui et a disparu. (à suivre…)
K. N.
6 juin 2009
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