Hantises (2e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 1re partie : A la fin des années 1960, Ali B., qui habitait jusque-là, la campagne, a acheté une maison de maître à Oran.
Comme prévu, la vieille Hadda refuse d’aller habiter dans la grande ville.
— Comment, gronde-t-elle son fils, parles-tu d’abandonner la terre de tes ancêtres ? C’est dans cette maison que tu es né et que ton père est né ! C’est ici que sont nés tes enfants !
Ali lui parle doucement.
— Mère, le village se meurt ! Mes deux frères sont partis à l’étranger, mes cousins sont allés vivre dans la grande ville, et les gens n’arrêtent pas de s’exiler !
— Les autres sont partis parce qu’ils n’ont pas de travail, toi, tu as une bonne situation !
— Je ne travaille pas au village !
— Mais tu peux y revenir tous les jours !
— Tous mes clients sont en ville… Et puis, je voudrais aussi améliorer notre confort, envoyer les enfants à l’école, te soigner… Ici, il n’y a ni médecin ni hôpital !
La vieille secoue la tête.
— On est bien ici !
— Imagine que tu tombes malade…
— Je suis déjà malade !
— A Oran, tu seras mieux prise en charge !
Elle le repousse des deux mains.
— Va, va, prends tes enfants et ta femme et va habiter en ville, moi je reste ici, je garderai la maison… Peut-être tes frères reviendront-ils un jour !
C’est au tour de Ali de secouer la tête.
— Mère je ne peux te laisser ici !
— Alors reste !
— Je viens de t’expliquer pourquoi je veux partir !
— Je ne peux vivre enfermée dans un appartement vingt-quatre heures sur vingt-quatre !
Ali éclate de rire.
—Tu croyais que c’était un appartement ? C’est une maison, maman, une maison comme celle-ci ou même mieux puisque c’est une maison de roumis ! Avec un étage, un jardin… Oui, un grand jardin où tu pourras planter tout ce que tu voudras :
La vieille fait quand même la moue :
— Une maison de roumis… elle doit être souillée !
Ali rit encore.
— Nous la désinfecterons !
— Tu as dit un jardin, de la terre…
— Oui, c’est très aéré, comme ici !
La vieille secoue la tête :
— Comme ici, tu ne trouveras pas… bon, je veux bien partir avec vous mais si cela ne me plaît pas, je reviendrai ?
— C’est promis ! Mais je suis sûr que ça te plaira !
Ali a gagné la manche. Il va aussitôt l’annoncer à sa femme.
— Je vais engager les travaux de rénovation dès demain, dès que ce sera fini, nous emménageons ! (à suivre…)
K. N.
5 juin 2009
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