L’épopée de Djazia (43e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 42e partie :En s’emparant de ses brebis et en les égorgeant, Djazia et ses compagnes se vengent de Dhiyâb qui leur a dérobé quelques artichauts.
Elles sont en train de festoyer quand Dhiyâb arrive, tenant quelque chose de lourd enveloppé dans un drap. Djazia se lève aussitôt.
— Que viens-tu faire ici, dit-elle, avec hostilité.
Il dépose l’objet devant ses pieds.
— ? mon amie, dit-il, ceci est pour toi !
Les jeunes compagnes de Djazia s’approchent, curieuses de voir, ce que le jeune homme qu’elles ont dépouillé du seul bien qu’il possédait, offrait à leur amie.
— Qu’est-ce que c’est ? demande Djazia, méfiante
— Découvre le drap et tu verras de quoi il s’agit !
Mais la jeune femme, toujours méfiante, ne bouge pas.
—Tu veux que je le fasse moi-même ? dit le jeune homme.
Il se baisse et retire le drap. Alors apparaît un magnifique mouton rôti. Il est encore plus gras et paraît plus succulent que les brebis.
— C’est pour toi, ô mon amie, dit Dhiyâb.
Djazia n’en croit pas ses yeux.
— Tu… tu as égorgé le bélier, la seule bête qui restait de ton troupeau ?
— Oui, mon amie, dit-il, je l’ai fait pour toi !
Il se retourne vers les jeunes femmes et s’écrie :
— Des guerrières ont foncé, telle une nuée sur mon troupeau, et elles ont emporté mes brebis ! Il ne restait plus que le bélier, et il s’est mis à bêler de désespoir, privé de ses femelles ! Or, que peut faire un mâle, sans ses femelles ? Alors, je l’ai sacrifié pour la plus belle femme qui soit, et je viens le lui offrir !
Djazia et les autres filles sont émues.
— Tu as fait cela !
— Oui, je l’ai fait pour la plus belle des femmes !
Mais tu n’as plus rien, désormais !
Il rit.
— Il y a encore quelques instants, j’étais riche de quarante brebis et d’un bélier. Mais voilà que j’ai tout perdu ! Ainsi est la vie : un jour on est riche, un autre on est pauvre… Telle est la volonté de Dieu qui nous a créés à partir de rien….
Ce discours admirable, émeut encore plus Djazia.
— Acceptes-tu le présent que je te fais ? demande Dhiyâb.
— Oui, dit la jeune femme, mais à une condition
— Tes conditions sont des ordres !
— Je veux que tu partages avec moi ce rôti…
Dhiyâb sourit.
— La viande de mouton, dit-il, est la viande des amoureux, c’est avec plaisir que je la partagerai avec toi !
Il s’assoit à ses côtés et ils se mettent à manger ensemble, se regardant l’un l’autre. Il est aussi épris d’elle qu’elle l’est de lui (à suivre…)
K. N.
4 juin 2009
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