L’épopée de Djazia (32e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 31e partie :Cheikh Ghanem a condamné Dhiyâb au bûcher. Mais au moment de l’immoler par le feu, Dhiyab fait une réflexion qui déclenche alors une série de questions chez son père.
Cheikh Ghanem éclate :
— Ainsi, même sur le point de mourir, tu fais de l’esprit !
— Mon père, c’est toi qui m’as posé des questions !
— Tu devrais trembler, puisque tu vas mourir !
A cet instant même, je jette le tison sur le brasier et tu
brûles ! Ne sais-tu pas que je tiens ta vie entre mes mains !
Dhiyâb secoue la tête.
— Dieu seul tient la vie de ses créatures entre ses mains !
— Mais en ce moment, c’est moi qui tiens le tison…
— Si dieu veut que tu me tues, tu me tueras, autrement, aucun mal ne m’arrivera !
Tout le monde est atterré par cette réponse : Dhiyâb n’est-il pas en train de provoquer son père ? Tous sont persuadés que le vieux chef, rien que pour montrer qu’il est le plus fort, mettra le feu au brasier. Mais il se produit quelque chose d’extraordinaire : Cheikh Ghanem laisse tomber le tison !
— Détachez-le ! dit-il
Les gens rassemblés, pour assister à la mort de Dhiyâb, poussent un cri de surprise : c’est la première fois que le vieux chef arabe revient sur une décision qu’il a prise.
— Détachez-le, répète-t-il
Des jeunes gens sautent sur le bûcher et détachent Dhiyâb. Une fois libre, le jeune homme veut se jeter aux pieds de son père pour lui demander pardon de l’avoir offensé.
— N’en fais rien, dit cheikh Ghanem
— Mon père, j’implore ton pardon !
— Je te laisse la vie sauve, dit le cheikh mais je ne veux plus te revoir ! Tu m’entends, je ne veux plus te revoir, plus jamais !
— Mon père, l’exil hors des miens est pire que la mort !
—Ton exil ne sera que temporaire, dit le cheikh. Je ne veux plus te revoir mais une fois que je serai mort, tu pourras revenir et prendre le commandement de la tribu ;
Dhiyâb veut encore le supplier.
— J’ai parlé, dit le cheikh
— Me permets-tu d’aller prévenir ma mère ?
— Oui, dit le cheikh avec ironie, remercie-la de t’avoir dénoncé !
Mais Dhiyâb sait que sa mère ne l’a pas dénoncé. Elle ne s’est pas montrée très maligne et elle est tombée dans le piège que lui a tendu son époux.
La Zénète étreint son fils.
— Je ne te reverrai plus, lui dit-elle en pleurant
— Quand je reviendrai, dit le jeune homme, je commanderai cette tribu !
— Je souhaite être encore de ce monde, ce jour-là ! en attendant, que vas-tu faire ?
— Je vais demander à mes oncles maternels, tes frères, de me confier un de leur troupeau. Je l’emmènerai en transhumance dans le désert…
— Va mon fils, dit la pauvre femme, que Dieu soit avec toi ! (à suivre…)
K. N.
4 juin 2009
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