L’épopée de Djazia (30e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 29e partie : La Zénète retourne auprès de son époux. Il lui demande les réponses aux questions qu’il lui a posées, avant son départ dans sa famille.
Elle prend un air vaguement inquiet ;
— Sont-ce les réponses que tu attendais ?
Cheikh Ghanem fronce les sourcils, ses mains tremblent légèrement, tellement il est énervé. Il a compris que les réponses ne viennent pas de sa femme, encore moins de sa tribu qu’il a toujours considérée comme privée d’intelligence.
— Oui, dit-il, mais ces réponses ne viennent pas de toi, mais du fruit de ton ventre !
La jeune femme s’écrie :
— Comment peux-tu parler ainsi ? Depuis mon départ, je n’ai pas vu Dhiyâb !
— Es-tu sûre de ne pas mentir.
— Oui, dit-elle, voilà longtemps que je n’ai pas vu mon fils !
Le Cheikh hoche la tête.
— Je veux bien te croire, et je reconnais, pour une fois, que toi et les tiens vous vous êtes montrés très sagaces.
Il quitte la tente, irrité. La jeune femme, elle, est très contente : elle vient d’humilier son époux, elle pense que dorénavant, il la respectera davantage et respectera sa famille.
Quelques instants après, Cheikh Ghanem revient, le visage défait..
— J’ai une mauvaise nouvelle, dit-il.
La Zénète se redresse aussitôt :
— Dhiyâb…
— Oui, dit-il, il a été attaqué…Une flèche traîtresse a emporté sa vie !
La jeune femme se met à pleurer et à se déchirer le visage.
— Mon fils, mon fils bien-aimé !
— Hélas, nous n’avons plus de fils !
Elle surmonte sa douleur et trouve la force de poser une question :
— Et quand cela s’est-il passé ? demande-t-elle
— Il y a deux heures environ…
La Zénète s’écrie aussitôt :
— Il y a deux heures, tu dis…
— Oui, dit le Cheikh, il y a exactement deux heures…
— Mais je l’ai vu, il y a deux heures, il est venu à ma rencontre !
Cheikh Ghanem exulte ;
— Ah, traîtresse, tu n’as pas vu ton fils depuis ton départ dans ta famille, et tu l’as vu il y a deux heures !
La jeune femme comprend alors que son époux lui a tendu un piège et qu’elle y est tombée. Elle se perd aussitôt en supplications.
— Je te supplie de ne pas lui faire de mal… Il a seulement voulu me sauver du sort auquel tu me destinais !
— Il t’a sauvée, dit le Cheikh, mais il s’est perdu… Je ne peux tolérer de voir ce fils qui m’a trompé ! (à suivre…)
K. N.
4 juin 2009
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