Raiponce (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Comme convenu, la sorcière arriva juste après que la femme eut accouché et emporta l’enfant qu’elle appela Raiponce.
Raiponce était une fillette, et la plus belle qui fût sous le soleil. Lorsqu’elle eut ses douze ans, la sorcière l’enferma dans une tour qui se dressait, sans escalier ni porte, au milieu d’une forêt. Et comme la tour n’avait d’autre ouverture qu’une minuscule fenêtre tout en haut, quand la sorcière voulait y entrer, elle appelait sous la fenêtre et criait :
«Raiponce, Raiponce,Donne-moi tes cheveux.»
Raiponce avait de longs et merveilleux cheveux qu’on eût dits de fil d’or. En entendant la voix de la sorcière, elle défaisait sa coiffure, attachait le haut de ses nattes à un crochet de la fenêtre et les laissait se dérouler jusqu’en bas, à vingt aunes au-dessous, si bien que la sorcière pouvait se hisser et entrer.
Quelques années plus tard, il advint qu’un fils de roi qui chevauchait dans la forêt passa près de la tour et entendit un chant si adorable qu’il s’arrêta pour écouter. C’était Raiponce qui se distrayait de sa solitude en laissant filer sa délicieuse voix. Le fils de roi, qui voulait monter vers elle, chercha la porte de la tour et n’en trouva point. Il tourna bride et rentra chez lui ; mais le chant l’avait si fort bouleversé et ému dans son cœur, qu’il ne pouvait plus laisser passer un jour sans chevaucher dans la forêt pour revenir à la tour et écouter. Il était là, un jour, caché derrière un arbre, quand il vit arriver une sorcière qu’il entendit appeler sous la fenêtre :
«Raiponce, Raiponce,Donne-moi tes cheveux.»
Alors Raiponce laissa se dérouler ses nattes et la sorcière grimpa. «Si c’est là l’escalier par lequel on monte, je veux aussi tenter ma chance», se dit-il ; et le lendemain, quand il commença à faire sombre, il alla au pied de la tour et appela :
«Raiponce, Raiponce, Descends-moi tes cheveux.»
Les nattes se déroulèrent aussitôt et le fils du roi monta. Sur le premier moment, Raiponce fut très épouvantée en voyant qu’un homme était entré chez elle, un homme comme elle n’en avait jamais vu, mais il se mit à lui parler gentiment et à lui raconter combien son cœur avait été touché quand il l’avait entendue chanter, et qu’il n’avait plus eu de repos tant qu’il ne l’eût vue en personne. Alors Raiponce perdit son effroi, et quand il lui demanda si elle voulait de lui comme mari, voyant qu’il était jeune et beau, elle pensa : «Celui-ci m’aimera sûrement mieux que ma vieille mère-marraine, la Taufpatin», et elle répondit qu’elle le voulait bien, en mettant sa main dans la sienne. Elle ajouta aussitôt :
— Je voudrais bien partir avec toi, mais je ne saurais pas comment descendre. Si tu viens, alors apporte-moi chaque fois un cordon de soie : j’en ferai une échelle, et quand elle sera finie, je descendrai et tu m’emporteras sur ton cheval.
Ils convinrent que d’ici à là il viendrait la voir tous les soirs, puisque pendant la journée venait la vieille. (à suivre…)
4 juin 2009
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