Celui qui voulait avoir peur (6e partie)
Résumé de la 5e partie :Sorti victorieux de toutes les terribles épreuves de la nuit, le jeune homme s’endormit près du feu.
Le lendemain, le roi s’en vint au château. Quand il vit le garçon étendu sur le sol, il pensa que les fantômes l’avaient tué. Il murmura :
— Quel dommage pour un si bel homme !
Le garçon l’entendit, se leva, et dit :
— Je n’en suis pas encore là !
— Le roi s’étonna, se réjouit et lui demanda comment les choses s’étaient passées.
— Très bien. Voilà une nuit d’écoulée, les autres se passeront bien aussi.
Quand il arriva chez l’aubergiste, celui-ci ouvrit de grands yeux.
— Je n’aurais jamais pensé, dit-il, que je te reverrais vivant. As-tu enfin appris à frissonner ?
— Non ! répondit-il ; tout reste sans effet. Si seulement quelqu’un pouvait me dire comment faire !
Pour la deuxième nuit, il se rendit à nouveau au château, s’assit auprès du feu et reprit sa vieille chanson : «Ah ! si seulement je pouvais frissonner.» A minuit on entendit des bruits étranges. D’abord bas, puis toujours plus fort, puis après un court silence, un grand cri. Et la moitié d’un homme arrivant par la cheminée tomba devant lui.
— Holà ! cria-t-il. Il en manque une moitié. ?a ne suffit pas comme ça !
Le vacarme reprit. On tempêtait, on criait. Et la seconde moitié tomba à son tour de la cheminée.
— Attends, dit le garçon ; je vais d’abord ranimer le feu pour toi.
Quand il l’eut fait, il regarda à nouveau autour de lui : les deux moitiés s’étaient rassemblées et un homme affreux s’assit à la place qu’occupait le jeune homme auparavant.
— Ce n’est pas ce que nous avions convenu, dit-il. Ce tour est à moi !
L’homme voulut l’empêcher de s’y asseoir, mais il ne s’en laissa pas conter. Il le repoussa avec violence et reprit sa place. Beaucoup d’autres hommes se mirent alors à dégringoler de la cheminée les uns après les autres et ils apportaient neuf tibias et neuf têtes de mort avec lesquels ils se mirent à jouer aux quilles. Le garçon eut envie d’en faire autant.
— Dites, pourrais-je jouer aussi ?
— Oui, si tu as de l’argent.
— J’en ai bien assez, répondit-il ; mais vos boules ne sont pas rondes.
Il prit les têtes de mort, s’installa à son tour et en fit de vraies boules.
— Comme ça elles rouleront mieux, dit-il. En avant ! on va rire !
Il joua et perdit un peu de son argent. Quand sonna une heure, tout avait disparu. Au matin, le roi vint aux nouvelles. (à suivre…)
3 juin 2009
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