L’épopée de Djazia (3e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 2e partie n Selon la légende, c’est la famine qui sévissait en Orient qui a poussé les Banû Hilal à émigrer en Afrique du Nord.
Avant de parler des versions algériennes de Djazia, il faut signaler que Djazia n’est pas la seule héroïne de la célèbre tribu arabe. Celle-ci a eu d’autres personnages légendaires, et l’un d’eux, Abû Zayd, a été le héros de plusieurs récits et poèmes, notamment les récits recueillis en Egypte. Les Egyptiens possèdent plusieurs récits de la geste hilalienne. Au XIXe siècle, déjà, l’orientaliste E. Lane, a noté que l’on disposait dans les villes de plusieurs dizaines de recueils imprimés et que dans la seule ville du Caire, une cinquantaine de poètes-musiciens avaient pour répertoire les aventures amoureuses de la belle Hilalienne.
La version la plus connue de la vie d’Abû Zayd parle de la naissance extraordinaire de Abû Zayd, né d’un père hilalien, le cheikh Rizk, et d’une mère mecquoise. Comme la mère n’arrivait pas à avoir d’enfant, elle a fait ce vœu : «Je voudrais qu’il me naisse un fils, fût-il un nègre abyssin !». Son vœu fut exaucé et l’enfant qui naquit était tout noir.
La mère est aussitôt accusée d’adultère, car le cheikh ne pouvait reconnaître qu’il était le père d’un Noir. Elle est répudiée et son fils est considéré comme un bâtard. La mère et l’enfant sont recueillis par un homme de la tribu des Zahhlan, tributaire des Banû Hilal. Le petit, appelé Barakat, révèle, dès l’enfance, des dons physiques et intellectuels extraordinaires.
C’est tout naturellement qu’il devient le protecteur de sa tribu d’adoption et qu’il guerroie pour elle.
Un jour alors que la famine sévit parmi les Banû Hilâl, leur chef, Rizk, qui est le vrai père de Abû Zayd, alias Barakat, envoie des émissaires chercher du grain chez les Zahhlan. La mère du jeune homme trouve alors l’occasion de se venger de son ancien époux qui l’a répudiée.
— Ce Rizk, lui dit-elle, vient nous demander de l’aider alors que c’est lui qui, autrefois, a tué ton père !
Le sang du jeune homme ne fit qu’un tour.
— Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?
— Parce que tu es jeune ! Mais maintenant que tu as fait tes preuves, je pense que tu peux te venger de lui !
C’est ce que fit Abû Zayd, qui provoque le cheikh hilalien en duel.
— Tu as tué mon père, lui dit-il, je dois venger son sang !
— Je ne sais pas de quoi tu parles, dit le cheikh, mais puisque tu me lances un défi, je le relève. Ton heure est arrivée !
— C’est la tienne qui est arrivée, dit le jeune homme.
Le cheikh, qui passait pour être l’homme le plus fort du pays, croyait qu’il allait vaincre celui qu’il considérait comme un jeune présomptueux. Mais le combat tourne en faveur de Abû Zayd qui arrive à terrasser son adversaire.
Le cheikh est par terre, Abû Zayd lève son épée, il est prêt à lui donner le coup de grâce, quand sa mère, qui assiste au combat, s’écrie.
— Arrête mon fils, cet homme est ton père !
Et elle lui raconte son histoire. Le cheikh Rizk reconnaît le fils qu’il a refusé de reconnaître autrefois et il le reprend ainsi que sa femme dans son campement. (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
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