L’épopée de Djazia (2e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 1re partie : Djazia, la belle Djazia appartient à la tribu arabe des Banu Hilal.
Les Banu Hilal sont, selon les généalogistes arabes, issus de Hilal, issu lui-même de Mader. Si les Hilaliens ont quitté l’Arabie leur pays d’origine, Ibn Khaldoun et les historiens qui se sont inspirés de lui rapportent que les Banu Hilal menaient une vie nomade dans le désert du Hedjaz, pillant les caravanes et attaquant les pèlerins qui se rendaient en Terre sainte. C’étaient, aux dires des historiens, des gens impitoyables ne faisant de quartiers à personne, s’attaquant et dépouillant leur prochain sans vergogne. Selon Ibn Khaldoun, si les Hilaliens quittent leur pays d’origine l’Arabie, c’est à la suite de dissensions avec leur principal allié, un certain Chokr du Hidjaz, à qui la tribu avait offert la plus belle de ses filles, Djazia. Mais au moment de quitter le pays, la tribu a décidé de reprendre «son bien», c’est-à-dire la jeune femme, qu’on enlève, alors qu’elle se trouvait chez son époux. Il n’était pas question de partir et de laisser ce «trésor» entre les mains d’un étranger ! Selon d’autres sources, ce n’est pas pour fuir le prince Chokr que les Hilaliens ont quitté l’Arabie mais pour fuir la famine qui les rongeait.
La sécheresse décimait bêtes et hommes et les bédouins ont décidé de quitter la terre qui ne les nourrissait plus, pour d’autres terres plus fertiles ou selon le mot très lyrique des poètes vers d’autres printemps, «rabie’», mot signifiant aussi bien «printemps» que «pâturages». En quittant leur pays, les Hilaliens n’avaient nullement l’intention de conquérir d’autres pays pour y fonder des Etats : ils ignoraient la notion d’Etat et le seul cadre d’organisation qu’ils connaissaient, qu’ils pratiquaient était la tribu.
La tribu va donc pérégriner longuement en Orient, poussant devant elle son bétail, suivie par les femmes et les enfants dans une marche irrésistible vers l’Ouest. Cette marche vers l’Ouest, c’est la fameuse taghriba, dont parlent les poètes.
Après avoir traversé la mer Rouge, les Hilaliens entrent en Egypte. Ils y retrouvent le désert, comme chez eux, mais ici il y a des villes, des campagnes fertiles ! il y a surtout l’eau… L’eau que l’on retrouve jusque dans le désert, grâce aux crues généreuses du fleuve, el-Bahr, c’est-à-dire le Nil… Une eau qui draine des limons et qui, dans l’une des zones la plus aride du monde, permet de belles cultures et donne des pâturages. C’est plus que ne pouvaient espérer les bédouins faméliques ! Et puis, il y a les villes, toutes proches, avec leurs richesses…
Mais les Fatimides, qui gouvernent à cette époque l’Egypte, ne veulent pas de ces hordes qui viennent d’Arabie et qui menacent leur tranquillité.
Aussi, les princes les tiennent-elles à l’écart, en les parquant dans la Haute Egypte, en attendant de se débarrasser d’elles… En Egypte, les Banu Hilal font souche et surtout laissent des traces de leur passage, avant de déferler sur le Maghreb… De belles histoires d’amour que l’on se raconte encore lors des veillées (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
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