Celui qui voulait avoir peur (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Le jeune garçon avait pour tâche de sonner les cloches. Comme il allait tirer les cordes, il vit une forme blanche dans l’escalier, sous lui.
Qui va là ? cria-t-il.
L’apparition ne répondit pas, ne bougea pas.
— Réponds ! cria le jeune homme. Ou bien décampe ! Tu n’as rien à faire ici !
Le bedeau ne bougeait toujours pas. Il voulait que le jeune homme le prit pour un fantôme. Pour la deuxième fois, celui-ci cria :
— Que viens-tu faire ici ? Parle si tu es honnête homme. Sinon je te jette au bas de l’escalier.
Le bedeau pensa : «Il n’en fera rien.» Il ne répondit pas et resta sans bouger. Comme s’il était de pierre. Alors le garçon l’avertit pour la troisième fois et comme le fantôme ne répondait toujours pas, il prit son élan et le précipita dans l’escalier. L’apparition dégringola d’une dizaine de marches et resta là allongée. Le garçon sonna les cloches, rentra à la maison, se coucha sans souffler mot et s’endormit.
La femme du bedeau attendit longtemps son mari. Mais il ne revenait pas. Finalement, elle prit peur, réveilla le jeune homme et lui demanda :
— Sais-tu où est resté mon mari? Il est monté avant toi au clocher.
— Non, répondit-il, je ne sais pas. Mais il y avait quelqu’un dans l’escalier et comme cette personne ne répondait pas à mes questions et ne voulait pas s’en aller, je l’ai prise pour un coquin et l’ai jetée au bas du clocher. Allez-y, vous verrez bien. Si c’était votre mari, je le regretterais.
La femme s’en fut en courant et découvrit son mari gémissant dans un coin, une jambe cassée. Elle le ramena à la maison, puis, en poussant de grands cris, se rendit chez le père du jeune homme :
— Votre garçon a fait des malheurs, lui dit-elle. Il a jeté mon mari au bas de l’escalier, où il s’est cassé une jambe. Débarrassez notre maison de ce vaurien !
Le père était bien inquiet. Il alla chercher son fils et lui dit :
— Quelles sont ces façons, mécréant ! C’est le diable qui te les inspire !
— Ecoutez-moi, père, répondit-il. Je suis totalement innocent. Il se tenait là, dans la nuit, comme quelqu’un qui médite un mauvais coup. Je ne savais pas qui c’était et, par trois fois, je lui ai demandé de répondre ou de partir.
— Ah ! dit le père, tu ne me feras que des misères. Disparais !
— Volontiers, père. Attendez seulement qu’il fasse jour. Je voyagerai pour apprendre à frissonner. Comme ça, je saurai au moins faire quelque chose pour gagner mon pain.
— Apprends ce que tu veux, dit le père. ?a m’est égal ! Voici de l’argent va par le monde et surtout ne dis à personne d’où tu viens et qui est ton père.
— Qu’il en soit fait selon votre volonté, père. Si c’est là tout ce que vous exigez, je m’y tiendrai sans peine. (à suivre…)
3 juin 2009
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