L’épopée de Djazia (26e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 25e partie : Cheikh Ghanem et sa femme, la Zénète, se disputent. Il la laisse rendre visite à ses parents et lui pose quatre énigmes auxquelles elle doit répondre, faute de quoi, il la décapitera.
La jeune femme est heureuse de retrouver sa famille qu’elle n’a pas vue depuis longtemps. Elle passe plusieurs jours avec ses parents, puis le temps du retour arrive. On la charge de cadeaux pour son époux et ses proches et on lui fait les adieux. C’est alors qu’elle se rappelle les questions que lui a posées son époux. Elle s’effraye et descend de son palanquin.
— Mon époux, dit-elle, m’a posé quatre questions auxquelles je dois répondre, faute de quoi, il menace de me tuer !
— Quelles sont donc ces questions ? lui demande-t-on.
Elle dit les questions.
— appelez les vieux et les sages de la tribu, ils trouveront les réponses qu’il faut !
Une assemblée de sages est aussitôt réunie. On expose les questions et, après que chacun a donné son opinion, on se met d’accord sur les réponses.
— voilà, tu donneras à ton époux les réponses suivantes. Pour ce qui est de la première question, tu lui diras que la chose la plus haute qui soit est l’arbre qui pousse sur les plus hauts sommets de la montagne, le cèdre. N’a-t-on pas l’impression que son faîte touche le ciel ? Ton mari, qui vient des lointains déserts d’Arabie, ne doit connaître que le palmier, et notre cèdre est, de loin, plus haut que le palmier !
— Je lui donnerai cette réponse, dit la jeune femme. Et la réponse à la deuxième question ?
— La chose la plus douce qui soit est le miel ! Y a-t-il plus sucré, plus onctueux, plus suave que le miel, produit par les abeilles ? Même dieu, dans Son Livre, a béni les abeilles qui le produisent ! ton mari, à coup sûr, ne saura accepter d’autre réponse : il n’y a rien de plus doux que le miel !
— Je lui dirai donc que la chose la plus douce est le miel. Mais son contraire, la chose la plus amère ?
— il y a beaucoup de choses amères, mais en amertume, rien ne dépasse le laurier-rose. D’ailleurs toute bête ou tout humain qui en absorbe, en meurt empoisonné ! Les sorciers en font leur plante de prédilection pour confectionner les breuvages qui tuent !
— Je dirai donc à Cheikh Ghanem que la chose la plus amère qui soit, au monde, est le laurier-rose. Mais pour la chose la plus rapide ?
Les sages hochent la tête.
— nous avons tous pensé à un animal : certains d’entre nous ont proposé le cheval, d’autre la colombe, d’autres encore le renard… Puis nous nous sommes mis d’accord sur la gazelle du désert. Même les féroces lions n’arrivent pas à l’attraper ! Voilà donc les réponses aux questions de ton époux, tu les lui donneras telles que nous te les avons données !
La Zénète sourit.
— Il se vante d’être plus intelligent que vous tous, mais ces réponses vont lui rabattre le caquet !
— allez, va en paix.
Elle monte dans le palanquin et le cortège s’ébranle en direction du camp de Cheikh Ghanem, qui se trouve à quelques lieues de là (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
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