L’épopée de Djazia (22e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 21e partie : Dhiyâb, après avoir fait languir Djazia,, reprend contact avec elle… par une question. Elle lui en donne la réponse et lui pose à son tour une question à laquelle il répond.
— Cette femme est très intelligente, dit Cheikh Ghanem
— Elle ne s’avoue jamais vaincue, il faut qu’elle ait toujours le dernier mot !
— C’est une telle épouse qu’il te faut, dit le père
— Mais vais-je m’entendre avec elle ?
— Tout dépendra de vous….
— Alors, je peux demander sa main ?
— Oui, dit le Cheikh
Aussitôt, Dhiyâb fait demander la main de Djazia et quelques jours plus tard, on célèbre le mariage.
C’est la fête dans le camp où la tente nuptiale a été dressée. On a égorgé plusieurs moutons et l’odeur du méchoui se répand agréablement dans l’atmosphère. Dhiyâb, sur insistance de sa mère, la Zénète, a invité ses oncles maternels, des Berbères. Parmi eux se trouve le chef de la tribu, le puissant Ben Ali Chrif. Les femmes mangent avec la mariée tandis que les hommes se sont regroupés autour de Dhiyâb. Djazia envoie de temps à autre sa domestique pour épier Dhiyâb et elle lui apporte toutes les informations qu’elle juge utiles.
— Il mange et rit avec ses amis….
La jeune femme ignore que, de son côté, Dhiyâb la fait surveiller. Sa servante, à lui, se glisse dans la tente des femmes et revient avec des informations.
— Elle mange et rit avec ses amies !
La nuit est maintenant avancée et les convives commencent à se retirer. Djazia envoie une dernière fois sa domestique en reconnaissance.
— Dhiyâb est en train de ronger un os !
Dhiyâb a envoyé sa domestique qui lui dit :
— Djazia est en train d’essuyer le grand plat avec son doigt !
La fête finie, Dhiyâb prend congé de ses amis et va sous la tente. Il trouve Djazia qui l’attend.
— Qui n’a pas été rassasié de viande, lui lance-t-elle, se met à ronger les os !
Il comprend aussitôt l’allusion. Il se rappelle ce que lui a dit sa domestique.
— Et celle qui se met à essuyer les plats, crois-tu qu’elle est rassasiée de nourriture ?
Djazia sourit.
— Nous sommes quittes, dit-elle
— Tu m’as fait espionner ? demande Dhiyâb, en colère
— C’est ce que tu as fait toi aussi ?
— Tu outrepasses tes droits, dit Dhiyâb, et je pense que nous ne pourrons pas vivre ensemble… Alors, avant que les choses dégénèrent, il vaut mieux se séparer dès à présent.
— Tu me répudies ? demande Djazia
— Oui.
Et il prononce trois fois la formule rituelle par laquelle on répudie les femmes. C’est ainsi que la nuit même de leurs noces, Dhiyâb répudie Djazia ! (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
Non classé