L’épopée de Djazia (20e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 19e partie : Pour choisir un époux, Djazia offre à ses prétendants un repas : mais, au fond du plat il n’y a qu’une mince couche de rfis, le reste est de la semoule mêlée de cendres.
Les convives s’étant arrêtés de manger, Djazia sort de sa cachette et vient les trouver.
— Alors, leur dit-elle, vous vous êtes rassasiés ?
— Oui, disent les hommes en chœur. Nous espérons maintenant que tu vas choisir l’un d’entre nous !
— Oui, dit Djazia.
Elle regarde attentivement, puis dit :
— Je choisirai celui qui me donnera sur l’heure des nouvelles fraîches du désert !
Les hommes ne comprennent pas ;
— Des nouvelles du désert ? Mais aucun d’entre nous n’est allé dans le désert…
— Nous étions tous ici, à manger ton plat !
Mais Djazia secoue la tête :
— Et moi, je n’épouserai que celui qui, sur l’heure, m’apportera des nouvelles fraîches du désert !
— Moi, j’en ai des nouvelles, dit Dhiyâb.
Il dénoue aussitôt le pan de son vêtement et retire les noyaux de dattes qu’il a crachés et qu’il jette à la volée en direction de Djazia :
— Les voilà les nouvelles !
Les hommes se regardent, ébahis.
— Mais d’où as-tu sorti ces noyaux de dattes ?
— Mais du plat de rfis, dit Dhiyâb.
Les hommes se regardent, encore plus surpris.
— Il n’y avait pas de dattes, dit l’un d’eux.
— Il n’y avait même pas de rfis, dit un autre.
Djazia éclate de rire.
— Oui, il n’y avait pas de rfis… à la surface du plat mais au fond ! C’était cela la perspicacité que je demandais : ne pas se contenter de ce qui est superficiel mais aller au fond des choses… Et, parmi vous, seul Dhiyâb l’a fait !
Elle se retourne vers lui ;
— C’est donc toi que j’épouserai !
Mais contre toute attente, Dhiyâb répond ;
— Tu m’as soumis à une épreuve, tu as eu ce que tu voulais… Laisse-moi à présent le temps de réfléchir !
Il se lève et il s’en va.
— Mais il est fou ! s’exclament les hommes.
— S’il ne veut pas t’épouser, moi je t’épouserai, dit un homme.
— Non, ce sera moi !
Les hommes sont prêts à se battre, mais Djazia les arrête.
— Je n’épouserai que Dhiyâb !
Et elle les laisse là, retournant à ses affaires. Une autre aurait pris pour un affront l’attitude de Dhiyâb, mais Djazia sait qu’avec elle, il ne veut pas qu’elle ait le dernier mot. (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
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