L’épopée de Djazia (11e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 10e partie . Les tentes, dont le velum est tissé avec du poil de chameau, se ressemblent toutes : à l’origine grises, elles sont noircies par la fumée des feux de camp et surtout l’usage.
Les nomades ont installé leur camp à l’entrée d’une belle plaine, non loin d’une rivière qui, en cette période de l’année, est à sec. Mais le cadre, quoique semi-désertique, est agréable, les nuits notamment étant fraîches.
Les tentes s’abritent derrière une colline rocheuse où l’on peut voir, dispersés sur une grande distance, des ruines de ce qui a été sans doute, un camp romain. Morceaux de colonnes et pierres taillées, en grand nombre, qui auraient fait le bonheur des citadins, toujours en quête de pierres pour construire leurs maisons, mais qui laissent totalement indifférents les nomades, venus de la lointaine Arabie et qui, en fait de maisons, ne connaissent que les tentes, aux parois mouvantes. Les tentes, dont le velum est tissé avec du poil de chameau, se ressemblent toutes : à l’origine grises, elles sont noircies par la fumée des feux de camp et surtout l’usage. Quelques unes se distinguent, cependant, par leur tailles –elles sont plus grandes- et surtout par le luxe des tapis qui les couvrent à l’intérieur. Il s’agit des tentes des notables, qui possèdent le plus de bétails et qui commandent à la tribu.
Cheikh Ghanem est de ceux-là. Voilà plusieurs années qu’il commande à sa tribu, qui, depuis quelques générations, nomadisent dans cette région de l’est algérien, au pied de la montagne et des piémonts, habités par les sédentaires berbères. Les rapports n’ont pas toujours été bons entre les deux populations : les nomades qui se sont accaparés des terres de pâturage pour leurs bêtes ont souvent razzié les villages sur les coteaux fertiles, et les Berbères ont souvent livré la guerre à ces voisins turbulents… Mais quand ils ne sont pas en guerre, chacun s’accommode de la présence de l’autre, et des alliances, par le mariage, sont également contractés. Et il devient difficile, quand on a des parents dans le camp adverses, de se livrer constamment la guerre !
Cheikh Ghanem a plusieurs épouses et l’une d’entre elle est justement berbère. C’est le fille d’un chef zénète, Ben Ali Chrif, connu et respecté dans toutes la région.
Depuis qu’il l’a épousé Cheikh Ghanem est en paix avec ses voisins berbères.
Ce jour-là est un grand jour, parce que la Zénète est sur le point d’accoucher, et cheikh Ghanem espère bien que ce sera un garçon. Un garçon qui, par sa double ascendance, hilalienne et berbère, pourra bien un jour commander non seulement aux siens mais aussi aux Berbères !
La Zénète a tenu a être assistée par une accoucheuse de son pays. Elle l’a fait venir quelques jours plus tôt et depuis, elle ne la quitte plus.
Cheikh Ghanem n’a pas le droit d’entrer dans la tente où a lieu l’accouchement. Il fait les cent pas, énervé, attendant qu’on l’appelle. Brusquement, aux cris de douleurs de sa femme s’ajoutent les vagissement du nourrisson…
Quelques instants après, l’accoucheuse apparaît, sur le pas de la porte, le visage souriant.
«C’est un garçon», dit-elle. (à suivre…)
K. N.
3 juin 2009
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